Région: un Marseillais pour succéder à C. Estrosi
Convoquée en urgence, la majorité régionale a entériné la démission de Christian Estrosi de la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et a choisi Renaud Muselier pour lui succéder
Si le nom du Premier ministre d’Emmanuel Macron est le secret le mieux gardé de toute la classe politique (d’ailleurs qui le connaît, ce nom ?), celui de Renaud Muselier pour succéder à Christian Estrosi à la tête de la région était un secret de polichinelle ! La majorité régionale – 123 élus, dont 51 des Bouchesdu-Rhône, Ndlr – a donc entériné la démission du Niçois de la présidence de la région ProvenceAlpes Côte d’Azur et porté son premier vice-président à sa place. Et inversement : Christian Estrosi endosse la première vice-présidence de l’exécutif jusque-là dévolue à Renaud Muselier. Un « échange de bons procédés » qui prête à quelques interprétations : il a toujours été question d’un « exécutif à deux têtes », un binôme solidement ancré à Nice – avec Christian Estrosi – et à Marseille — incarné par Renaud Muselier. Un« binôme susceptible d’évoluer en fonction du contexte politique » souffle-t-on tout de même dans les couloirs de l’hôtel de région. En substance : la présidentielle pouvait influer sur l’échiquier politique local.
Le choix de Nice
D’aucuns prédisaient d’ailleurs le départ de Christian Estrosi du perchoir régional en fin d’année, après avoir fait voter un deuxième « vrai » budget, exercice ô combien lourd de symboles dans une région où l’opposition se décline sous l’étiquette Front national. Christian Estrosi a finalement précipité le calendrier. La raison? et bien justement le contexte politique… Et les législatives à venir. Bousculé sur ses lignes républicaines dans son propre département, Christian Estrosi n’entend visiblement pas laisser le champ libre au député Eric Ciotti. Ce dernier, candidat aux législatives, s’inscrit résolument dans la ligne dictée par Les Républicains et François Baroin. Et donc dans l’opposition au Président élu Emmanuel Macron. Christian Estrosi lui, qui a appelé à faire barrage au Front national en votant Emmanuel Macron, s’inscrit dans la perspective d’une coalition «à l’allemande » plutôt qu’une cohabitation… Avec pourquoi pas, un ministère dans le gouvernement 2 (post-législatives) de la présidence Macron ? Les résultats des 11 et 18 prochains on le sait, pourront impacter à plus ou moins grande échelle, le gouvernement.
L’heure de Muselier ?
Pour l’heure, Christian Estrosi balaie cette idée d’un revers de main, renouvelant tout son attachement à la ville de Nice, dont il entend redevenir le premier magistrat. C’est ce postulat qu’il a une nouvelle fois défendu devant sa majorité hier matin, non sans émotion. Tout autant qu’il s’est engagé à apporter tout son soutien aux candidats LR et centristes dans les Alpes-maritimes… Renaud Muselier a lui aussi fait part de son émotion devant la majorité régionale. L’ancien député marseillais, battu en 2012 par la PS Marie-Arlette Carlotti, avant de rebondir aux élections européennes en 2014, trouvera-t-il dans l’exercice du pouvoir régional la reconnaissance politique nécessaire pour lui faire oublier quelque velléité à briguer la mairie de Marseille ? Jean-Claude Gaudin, dont Renaud Muselier fut l’un des plus fidèles lieutenants entre 1995 et 2008, a en effet fait part de son intention de ne pas se représenter en 2020. Il a ouvert dès lors le jeu des pronostics et la guerre des ego… Et à ce jeu, Renaud Muselier n’avait jusque-là, pas caché ses ambitions à briguer la mairie.
Plénière d’ici à un mois
Renaud Muselier prendra officiellement ses fonctions à la présidence de la région Paca après le vote de la majorité régionale, lors de la prochaine plénière, convoquée d’ici à un mois. Il a choisi d’attendre ce vote avant de s’exprimer officiellement sur le sujet. Son seul commentaire rend hommage au travail accompli avec Christian Estrosi. « Nous avons gagné cette région, nous l’avons remise