Hollande passe le flambeau à Macron
Le chef de l’Etat en exercice et son successeur ont participé ensemble au 72e anniversaire de la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. Une cérémonie hautement symbolique
Les présidents sortant et élu François Hollande et Emmanuel Macron (entre lesquels la passation de pouvoir aura lieu dimanche à l’Élysée - lire page cicontre) ont déposé hier côte à côte la traditionnelle gerbe des commémorations du 8 mai 1945 sur la tombe du Soldat inconnu, sous l’arc de Triomphe. Le président Hollande était venu chercher son successeur quelques instants auparavant dans les tribunes officielles de la place de l’Étoile, le saluant d’une brève accolade après avoir passé les troupes en revue. Ils étaient aussi côte à côte pour écouter La Marseillaise puis Le Chant des partisans entonné par le choeur de l’armée française, Emmanuel Macron laissant percevoir son émotion lors de cette première cérémonie officielle depuis son élection, les yeux parfois clos. Puis tous deux ont signé le livre d’or et salué les anciens combattants et les « gardiens de la flamme » qui la ravivent chaque soir à 18h30 précises sur la tombe du Soldat inconnu.
« Ça change des vieux croûtons »
Plusieurs centaines de personnes, massées derrière des barrières y ont assisté, prenant acte pour certains comme Daniel Weill, ancien professeur d’allemand, du passage de témoin d’une génération à une autre. « C’est une transition historique, un
passage de génération, je ne suis pas sûr que les hommes politiques en ont conscience », estime ce retraité de 70 ans. « Sa jeunesse frappe dans le décor français. Ça change des vieux croûtons ». Venu avec ses deux garçons, Christophe, 45 ans, voulait « voir l’ancien et le nouveau président défiler». S’il éprouve du « soulagement » avec la victoire d’Emmanuel Macron, il ressent aussi une « pointe d’inquiétude » en raison « du score encore trop élevé du FN qui ne cesse de croître ». « Macron a toutes les qualités pour comprendre les choses, mais il manque un peu de
sens du tragique. Or comme nous le rappelle cette commémoration, l’histoire est tragique », estime pour sa part Bruno, ingénieur de 65 ans, se présentant comme fils d’un « Français libre ».
Félicité par Sarkozy
Avant le début de la cérémonie, François Hollande avait déposé seul une première gerbe bleu-blancrouge en forme de croix de Lorraine au pied de la statue du général de Gaulle, au bas des Champs-Elysées, pour ouvrir ces commémorations du 72e anniversaire du 8 mai 1945. Arrivé pour sa part avec quelques minutes
d’avance place de l’Étoile, le leader d’En marche ! y avait été accueilli par plusieurs personnalités, dont l’ancien président Nicolas Sarkozy qui lui a glissé un « bravo » lors d’une longue poignée de mains. Cette cérémonie est aussi la réédition d’une situation similaire quand, en 2012, François Hollande, élu, avait déjà déposé cette gerbe traditionnelle, au côté de Nicolas Sarkozy, président sortant. Déjà, le 8 mai 1995, deux présidents étaient sous l’arc de Triomphe, le sortant François Mitterrand, et l’entrant, Jacques Chirac. C’était, alors, une première.