Le cri d’alerte de cinq ONG nationales et internationales
Médecins du monde et Médecins sans frontières, le Secours catholique Caritas, Amnesty international ou encore la Cimade, autant d’ONG dont le nom est souvent attaché aux pires catastrophes humanitaires. Ces organisations non gouvernementales, pour certaines internationales, qui oeuvrent habituellement à travers le monde, ont lancé, hier, un cri d’alerte depuis Nice. Au coeur de leurs préoccupations : la situation des migrants à la frontière franco-italienne. Après deux jours de travail avec les acteurs locaux, ces grands noms de l’humanitaire ont décidé de peser de tout leur poids pour informer l’opinion publique sur une situation qui, selon ces ONG, est devenue « intenable ». Selon Cécile Coudriou, vice-présidente d’Amnesty France «le droit d’asile qui est pourtant le dernier droit quand tous les autres ont été bafoués n’existe plus à cette frontière ». Elle évoque des «pratiques illégales», l’absence d’interprètes, «des renvois en Italie sans notification écrite ou avec des notifications incomplètes», ce qui obère les « possibilités de recours ».
Un camp d’accueil envisagé
Pour Corinne Torre, chef de mission France de Médecins sans frontières, la situation des mineurs isolés est particulièrement préoccupante.
Ils seraient « 25 000 bloqués en Italie » dont « 8 000 qui veulent se rendre en France ». Mais beaucoup se verraient « déboutés de leur minorité » à cause du « sous-dimensionnement des structures d’accueil ». Pour Corinne Torre « l’État n’assume pas sa responsabilité en ne respectant pas le droit international ». Le Dr Philippe de Botton, membre du conseil d’administration de Médecins du Monde, dépeint également une situation sanitaire inquiétante : « Souffrances, fractures, gale, infections respiratoires… Les réfugiés partent en bonne santé et arrivent épuisés, voire malades.» Lui
estime que «si la situation n’évolue pas d’ici à la fin de l’année et qu’elle devient insoutenable pour les associations et les acteurs de la solidarité locale, on pourrait envisager de créer dans le département un lieu d’accueil». Un petit calais en somme « pour faire pression sur les autorités ».
Mais ces cinq ONG se sont, pour l’heure, contentées de lancer leur « plaidoyer ». Elles veulent avant tout informer l’opinion publique sur le drame qui se noue entre Vintimille et la vallée de la Roya. Elles promettent davantage de coordination entre leurs associations, des formations, mais pas (encore) le déploiement des grands moyens. Pour Cédric Herrou, figure emblématique de cette Roya Citoyenne, la prise de position de ces ONG reconnues est déjà «énorme» : « C’est la démonstration que le drame qui se déroule ici n’est pas que le fruit de l’imagination d’une bande de gauchos ou d’anarchistes de la vallée de la Roya. Ça crédibilise notre action. »