Monaco-Matin

A Menton, un vif désir de retour aux valeurs

Coincés entre Monaco et l’Italie, les Mentonnais proclament – peut-être plus qu’ailleurs – être français. Et quand il s’agit de parler de l’avenir du pays, ils sont parmi les plus prolixes

- A. R. arousselot@nicematin.fr

Àquelques semaines de l’élection présidenti­elle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnem­ent (quartier, immeuble, associatio­n, club, entreprise, commerce) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidenti­elle, l’attitude des candidats, évoquent leurs conviction­s, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi. Aujourd’hui, tour d’opinions dans le quartier de Garavan, à l’est de Menton, tout près de la frontière.

Dans l’autoprocla­mée « Principaut­é de Garavan », à l’est de Menton, il est de coutume de parler de tout. Sans tabou. François Jacquot, le prince désigné, assure ainsi refaire le monde de bon matin. Puis la France le midi, sur la plage. Avec les copains. Aux yeux des débatteurs du jour, réunis au restaurant La Pergola, la campagne a pour principale faiblesse de ne pas parler des vraies questions. « Les médias déplacent le problème. Pendant qu’on parle des scandales des uns et des autres, les sujets qui nous concernent ne sont pas abordés. L’immigratio­n, la jeunesse, l’emploi », souffle Georges Grassi. Qui n’hésite pas pour autant à traiter les candidats de «caméléons ». Prêts à changer de couleur chaque

fois qu’une opportunit­é se présente. «Après, il ne faudra pas s’étonner du taux d’abstention… et du score du FN », prévient-il. Olivier Millereau, patron de l’hôtel d’en face, le Palm Garavan, regrette quant à lui que l’époque soit au « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » : « On nous demande de nous priver. Mais eux ne font aucun effort ! » Reste, selon François, que les « affaires » n’ont pas à être ébruitées sur la place publique tant que le jugement n’a pas été rendu. « Elle est où la présomptio­n d’innocence? Et la presse en aurait-elle parlé si c’était un

candidat qu’elle aimait ? », interroget-il, évoquant à demi-mot les déboires de François Fillon. Sourire d’Olivier : « Dans ce cas, tu t’attaques à la liberté de la presse. Ce n’est pas vraiment mieux… » François opine. Reprend. «La seule réponse aux attaques islamistes, selon moi, c’est la fraternité.» Une notion qu’il définirait comme le fait de « combattre ensemble ». « Mais ça, ça n’existe plus. Aujourd’hui c’est le “chacun sa gueule” qui prime », rétorque Georges. Tandis qu’Olivier propose de parler d’« unité ». Même si le terme ne fait pas partie de la devise française. Très attaché à cette notion, François ajoute que la fraternité

a pour force de n’être ni de droite, ni de gauche. « Avec l’évolution cultuelle et culturelle de la France, il n’y a plus d’idée de gauche ou de droite. Juste des bonnes ou des mauvaises idées», résume-t-il. Précisant être décidé à voter pour le candidat qui redonnera à la France ses valeurs. Qu’importe son parti. Aux fourneaux, Fernando Usaï ne se prive pas non plus de commenter le scrutin. « Il y a beaucoup de contrôles, beaucoup d’enquêtes. Ça me fait penser à l’Italie. Même si, dans mon pays, on sait laver nos torchons devant tout le monde. En bref, c’est le b ***** . Mais des curés qui ne font pas de faute, il n’y en a pas… »

Les candidats sont des caméléons”

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(Photos A. R.) Georges Grassi, François Jacquot, Catherine Charrondiè­re et Olivier Millereau ont pour coutume de « refaire la France » sous le Campanin. Ci-dessous, Fernando Usaï.

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