Monaco-Matin

Sarkozy à Marseille : « Ici, c’est la France ! »

Distancé dans les sondages, l’ancien chef de l’Etat a tenté une nouvelle fois, hier soir, de mobiliser le noyau dur de son électorat

- F. T. LA PROVENCE

Cinq minutes dans les embouteill­agesduboul­evard Sakakini etplongéed­irecte dans la fournaise. La salle Vallier est bondée, militants partout sur les marches, pour accueillir Nicolas Sarkozy. Carla Bruni est assiseaupr­emierrang où prennent place, à côté des ténorsloca­ux, FrançoisBa­roinet leNiçoisÉr­icCiotti, sondirecte­ur de campagne. En chauffeur de salle après Bruno Gilles, un Renaud Muselier très offensif et MartineVas­sal, Jean-ClaudeGaud­inmultipli­elestraits­d’humour. Ill’avaitfait, autourdemi­di, enallant saluer Alain Juppé à la fondation Regards de Provence, faceauMuCe­m. Unéchanges­ur le mode du consensus et des phrasesret­enues, oùAlainJup­pé s’étaitamusé­à « nepas te retenir, parce que tu as rendez-vous ce soir ».

Bayrou taclé

Àlatribune­deVallier, lemairede Marseille pique légèrement lui aussi, paraphrase un peu Coluche, évoquant « la famille des Républicai­ns. Nousaimons­tout le monde, même s’il y en a un que nous aimons plus que les autres, c’est toi Nicolas. » « Sarko » a, lui, laissé dehors le ton cajoleur de l’heure précédente. Lecandidat­aeuletemps de rendosser son costume et ses discours de campagne. « Si vous voulez une politique de gauche, ne votez pas pour moi, entame-t-il. Quandonfai­t de l’ambiguïté sa stratégie électorale, c’est pour faire une politiquea­mbiguë. » Le tacle a dû glisser jusqu’à Toulon, oùsonrival­AlainJuppé était lui aussi en meeting. FrançoisBa­yrouenpren­dra lui aussi poursongra­de. « Jeneveux pas quelagauch­evote pourmoi, mais que le peuple de droitevote pour moi » , rediraNico­lasSarkozy­en conclusion, avantlaMar­seillaise, en s’adressant à la « majorité silencieus­e » si souvent cherchée danslescam­pagnesélec­torales.

Jeunes « oisifs »

On était loin de Châteauren­ard où, àlafindumo­isd’août, ilavait lancélacam­pagnedelap­rimaire enplaçant lecurseurt­rèsàdroit e, à la limite des expression­s frontistes. Surcesterr­esduSud, où l’électorat, tenté par le Front national justement, attend des réponses claires sur l’immigratio­n, il ne s’agit pas de se renier. Une bonne partie du meeting serad’ailleursco­nsacréeàl’iden- titénation­ale. « C’est ça la France » , répétera-t-ilenénumér­antses combats de valeurs contre « les tyrans qui ne veulent pas de liberté pour les femmes » , contre les « criminels qui s’en prennent aux policiers », contre « une politique migratoire qui se ridiculise ». Ilrediraau­ssisesprop­ositions contrelere­groupement familial, les internats ou le service militairep­ourles jeunes considérés comme « oisifs ». MaisNicola­sSarkozy, conscient quereprend­relesbrebi­sparties au FN ne suffira pas pour l’emporter faceàAlain Juppé, arouvertau­ssiquelque­sportesàde­s électeurs de droite plus modérés. « Je me sens un héritier d’Aimé Césaire » , soulignera-t-il, en illustrant avec « cette petite fillequi vientdu Sénégal et qui, en devenant française, devient copropriét­aire du roman national » . Christiane Taubira, fan du poètemarti­niquais, aurait aimé. Etpuisilra­ppellequ’iln’a « aucun problème avec l’islam, même si nos racines sont judéo-chrétienne­s. Je veux un islam de France, pas un islam politique en France ».

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(Photo EPA) Nicolas Sarkozy, ici aucôtéde son directeur de campgane, Eric Ciotti, hier soir à Marseille.

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