Le drone, nouvelle arme anti-loup
Christian Estrosi est allé à la rencontre des éleveurs à Colmars dans les Alpes-de-HauteProvence pour annoncer une batterie de mesures pour la défense du pastoralisme en Paca
Je veux que l’on reparte à la conquête du pastoralisme ,a martelé hier Christian Estrosi. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est allé à la rencontre des éleveurs, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Mais la batterie de mesures annoncée à Colmars ne laissera pas indifférents les professionnels azuréens et varois de cette filière agricole qui compte près de 2000 éleveurs en Paca. Leur bête noire, c’est bien sûr le loup. Et tant pis si Pascaline Cousin rappelle qu’ici, «dans le HautVerdon, les attaques ont baissé de quelque pour cent l’an passé et, surtout, le nombre de bêtes tuées a été divisé par deux». Notamment grâce aux brigades de tir qui ont été autorisées à prélever 36 loups à l’échelle nationale cette année encore.
Drones équipés de caméra thermique
Il n’en demeure pas moins que l’animal «se porte bien», reconnaît, un peu maladroitement, JeanLouis Blanc, le délégué interrégional de l’office national de la chasse et de la faune sauvage. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des éleveurs rassemblés ce mardi à Colmars. Pour eux, les chiffres du ministère sont tout simplement faux (voir par ailleurs). «On ne sait même pas combien il y a de loups exactement », déplore Christian Estrosi. Pour y remédier, le président de la Région a une solution: le drone! La collectivité territoriale va «expérimenter» cet outil afin de «mieux repérer le prédateur lors des battues». Pas question d’équiper ces oiseaux mécaniques d’armes létales. En revanche un dispositif de caméras thermographiques à infrarouge permettra selon JeanBaptiste Piétri de Drone 06 de «cartographier les sites d’attaques» et de « suivre les déplacements des meutes». Ces petits appareils peuvent filer à 90 km/h. Le recours à une aile volante automatisée offrirait une autonomie de 2 heures, de quoi couvrir 80 à 100 hectares par jour en suivant un plan de vol prédéfini. Pour apporter «à moindre coût », insiste Jean-Baptiste Piétri, «un socle de connaissances scientifiques» pour permettre une meilleure régulation du loup.
Dérogation à la convention de Berne
Une espèce qui, pour Christian Estrosi, «n’est plus en danger mais en voie de prolifération». Du coup, le président de la Région entend bien mobiliser les services juridiques de la collectivité afin de saisir la commission permanente de la convention de Berne, qui protège le loup, pour obtenir une dérogation régionale comme cela a été fait en Italie ou en Espagne. Il souhaite associer à cette démarche la région Rhône-Alpes, présidée par son «ami» Laurent Wauquiez et des régions italiennes, telles que la Ligurie et le Piémont, ou encore certains cantons suisses. La conséquence, si cette requête allait à son terme, pourrait être des autorisations de prélèvement supérieures. Et pour que les tirs fassent mouche, la Région veut également acheter du matériel de vision nocturne pour équiper les brigades de prélèvement. « Nous mettrons ce matériel à disposition de l’État. Ça ne lui coûtera pas un centime. Et on verra bien alors la détermination de ce gouvernement à lutter contre la prolifération du loup» ,aiguillonne l’élu niçois devant un public d’éleveurs qui va également pouvoir compter sur des aides financières.
M€ de financements
Le président de Paca a annoncé le déblocage d’une enveloppe supplémentaire de 750000 euros pour financer des équipements pastoraux et des opérations d’héliportage. Auxquels s’ajouteront 300000 euros dédiés au lancement d’une campagne de promotion du pastoralisme. Pas seulement parce que cette activité fait partie de « la tradition de nos territoires», insiste Christian Estrosi. Mais parce qu’elle permet « le maintien de l’emploi et de familles enracinées sur cette terre». «Si elle disparaît demain ce sont les administrations que l’on se bat pour conserver dans nos montagnes qui vont aussi disparaître.»