Luxemburger Wort

«Je prends mes responsabi­lités car j’ai été piqué au vif»

Nouveau président de l’ACL Sport, Romain Gantrel veut tirer un trait sur le passé et mobiliser les forces pour faire revivre les sports mécaniques au Luxembourg

- Interview: Christophe Nadin

Le sport automobile avait besoin d'un électrocho­c au pays alors que Dylan Pereira fait briller les couleurs nationales sur les circuits européens. L'ancien pilote de rallye Romain Gantrel veut relever le défi à la tête de la commission sportive de l'ACL. L'Harlangeoi­s veut faire fi du passé et convoquer les acteurs pour relancer la machine. Un challenge colossal qui ne lui fait pas peur.

Romain Gantrel, vous vous attaquez à un chantier XXL en reprenant les rênes de la commission sportive de l’ACL, non?

Il y a du pain sur la planche mais je suis d’avis qu’il y a une solution à chaque problème. Je ne suis pas du genre à plier dès que le vent se lève.

Vous repartez presque d’une page blanche. On a l’impression que l’électrocar­diogramme était plat ici au pays?

D’un point de vue sportif, Dylan Pereira et Kevin Peters ont brillé sur les circuits européens sans parler d’autres passionnés qui évoluent certes dans des sphères moins hautes mais dont on ne parle jamais.

En raison d’un problème de communicat­ion?

En partie, oui, je le reconnais. Et l’exemple doit venir du directoire ou de la commission sportive si vous préférez l’appeler comme ça. Chaque personne qui s’investit dans le sport mécanique mérite le respect.

Ce ne fut pas le cas ces dernières années?

Cette commission a fait son job à sa façon, sans penser à la relève. Elle a travaillé dans son coin en se montrant sévère avec les organisate­urs. Il faut bien sûr veiller au règlement mais il faut surtout accompagne­r les gens de bonne volonté.

Est-ce pour ça que les courses de côte, pour ne donner qu’un exemple, ont disparu du paysage alors qu’elles rythmaient la saison par le passé?

Elles ont été victimes des querelles de clocher et de conflits personnels sans parler de la lassitude des organisate­urs qui passaient des jours et des nuits à régler des problèmes administra­tifs.

Vous êtes au parfum puisque vous avez dirigé l’écurie Tëtelbierg pendant un certain temps, non?

Exactement. J’y suis entré comme membre en 1982 avant d’en devenir président tout en étant pilote de rallye. En 2012, j’en ai eu rasle-bol. Je me suis retiré et personne n’a pris la relève.

Vous voilà de l’autre côté du miroir. Quelle est la première chose à faire pour relancer la machine?

Il faut tirer un trait définitif sur le passé et cesser de tout critiquer. J’appelle au dialogue et à la reconstruc­tion même si ça prendra du temps. A force de voir la situation s’envenimer, j’ai été piqué au vif et ça m’a poussé à prendre l’initiative de revenir aux affaires.

Et d’un point de vue plus concret?

Il faut d’abord faire le tour des ministères. Les Transports, les Finances, l’Environnem­ent et les Sports pour voir ce qui est toléré. Il faut se donner un cadre. Ce sera déjà une démarche que les organisate­urs ne devront plus faire.

Mais il faut les remobilise­r ces organisate­urs, non?

Je m’en chargerai. Il y a beaucoup de gens motivés mais qui n’osent plus se lancer en raison de la complexité administra­tive.

Dans un monde idéal, quand reverra-t-on une course de côte au pays?

Je vais être modeste mais j’en veux une en 2024 et deux en 2025. Sans oublier des slaloms et des courses de circuit.

Avez-vous ciblé un endroit en particulie­r?

La course de côte de Holtz me tient à coeur et je réfute l’argument qui dit qu’elle n’est pas facile d’accès pour les spectateur­s. On peut tout de même faire quelques centaines de mètres à pied. Le reste est une question d’aménagemen­t de sentiers. Quant aux spectateur­s, je suis sûr qu’ils répondront présents car une certaine attente crée un besoin.

Il fut un temps où il y avait carrément un championna­t national…

Oui et ça prendra du temps pour en remettre un sur pied car il y a pas mal de démarches aussi à faire avec la FIA (Fédération Internatio­nale de l’Automobile) pour voir comment on peut comptabili­ser des courses à l’étranger avec celles au pays.

Vous devrez être bien entouré pour mener à bien ces missions. Comment comptez-vous vous y prendre?

Il y a déjà une structure interne pleine de bonne volonté, mais il faut lui apporter les connaissan­ces nécessaire­s. Vous pouvez aimer l’eau sans nécessaire­ment savoir nager. Ça s’apprend. J’ai l’expérience du milieu même si je dois me replonger dans le rè

On parle de trois ou quatre événements par année. Avec un peu de tolérance, tout peut se faire. Les pilotes de rallye ne sont pas des criminels.

glement et convaincre quelques connaissan­ces de m’épauler.

Vous avez évoqué 2024 mais que fait-on en 2023?

Ce sera une année de transition avec un programme à mettre sur pied même s’il peut paraître bidon. Mais on doit inscrire des épreuves dans un calendrier et on va le faire même si on part dans l’inconnu. Il faut bien redémarrer quelque part.

La sécurité a souvent fait débat dans les sports mécaniques. Comment résoudre ce problème?

Vous pouvez sécuriser vos circuits au maximum et tout prévoir, vous n’êtes jamais à l’abri d’une roue qui se détache. Prenons notre temps et discutons à tête reposée avec des gens compétents.

Il reste la question écologique qui s’invite de plus en plus dans notre vie quotidienn­e et qui ne semble pas cadrer avec le sport automobile?

Vous pensez que le Tour de Luxembourg cycliste avec sa cohorte de voitures suiveuses pollue moins qu’une course de côte? Ou que la voiture de la grand-mère qui va faire ses courses au supermarch­é dégage moins de CO2 qu’une voiture de course dont le moteur est réglé. Ici, on parle de trois ou quatre événements par année. Avec un peu de tolérance, tout peut se faire. Les pilotes de rallye ne sont pas des criminels.

On n’avait pas encore évoqué le Rallye du Luxembourg justement…

Je pars du principe que tout est ok. C’est très bien organisé et il n’y a pas de raison que ça change.

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