Une ébauche de solution à la dette wallonne
Le gouvernement Di Rupo termine son conclave budgétaire avec l’ambition d’échapper à la spirale infernale de l’endettement
Les comptes de la Wallonie sont plus que jamais dans le rouge. Par le passé, c’est sa difficulté à retrouver la prospérité perdue avec le charbon et l’acier qui mettait en avant ses problèmes de trésorerie. Aujourd’hui, le covid et les inondations de la mi-juillet 2021 justifient officiellement une situation budgétaire plus que précaire.
Trois chiffres résument ce tableau: un solde brut à financer de 4,134 milliards, sachant que les recettes se montent à 15 milliards et les dépenses à 19 milliards.
Telles sont les balises qui ont tenu lieu de cap au conclave budgétaire en cours. A l’entame, le ministre-président wallon Elio Di Rupo avait promis que son gouvernement «ne laissera pas filer l’endettement». «La crise sanitaire et les inondations auront coûté, chacune, plus de trois milliards d’euros à la Wallonie. Aujourd’hui, d’autres dépenses imprévues viennent grever le budget de la Région tel l’accueil et l’accompagnement des réfugiés ukrainiens. Nonobstant les malheurs qui nous accablent, notre devoir est d’être rigoureux à l’égard de notre budget», a scandé le socialiste.
Un choix cornélien
Le gouvernement entend ainsi respecter la trajectoire budgétaire fixée en début de législature et maintenir la dette à un niveau supportable. Au centre du jeu, on trouve un jeune ministre, le libéral Adrien Dolimont, 33 ans, qui a succédé au départ mouvementé de l’expérimenté Jean-Luc Crucke, parti pour d’autres horizons après s’être opposé à son président et à une frange de son parti.
Pour s’en tenir au déficit initial, les ministres wallons devaient trouver impérativement dans l'immédiat 505 millions d’euros et cela alors que les taux d'intérêt sont à la hausse. Lundi, ils ont réussi leur pari. Pour atteindre ce montant, 400 millions d’économies seront notamment réalisés sur les frais de fonctionnement ou les programmes d’investissement. D'autres solutions étaient envisagées pour réduire la voilure, dont la mise sur pause de certaines mesures destinées – pour la énième fois – à relancer l’économie régionale. Le choix est évidemment cornélien: où placer le curseur entre l’assainissement budgétaire et les investissements qui pourraient demain relancer la machine économique (et combler le trou budgétaire)?
«La dette», commente «Le Soir», «c’est le gros souci wallon: elle flirte désormais avec les 30 milliards, soit 200 % des recettes régionales. Si rien n’est mis en place pour enrayer cette course folle, la barre des 50 milliards d’endettement pourrait être atteinte avant la fin de la décennie.»
Un cauchemar éveillé pour la Wallonie qui, comme Bruxelles et la Flandre, n’a cessé depuis un demi-siècle d’accumuler de nouvelles compétences au fil des réformes de l’Etat sans pour autant que les finances suivent.
Faire mieux avec moins
Dans un premier temps, 150 millions d’euros (1 % des recettes) d’économies structurelles seront réalisés par an, pendant dix ans, mais de façon cumulative. L'effort fera mal. La région devra apprendre à faire mieux avec moins. Mais le gouvernement ne lève pas d'impôts nouveaux, comme il l'avait promis.
Pour le député André Antoine (Les Engagés, opposition), le mal est profond et structurel. «La Wallonie est aux urgences budgétaires», dit-il. Il dénonce d’énormes dépenses faites sans retours suffisants. Une politique de l’emploi inadéquate. Il plaide notamment pour l’instauration d’une vignette automobile wallonne, qui mettrait à contribution le portefeuille des usagers de la route. Un thème éminemment sensible en pleine crise énergétique.