Luxemburger Wort

Ces start-up qui réinventen­t la logistique

Sumy, Clear Logistics et Firis: des entreprise­s luxembourg­eoises innovantes pourraient révolution­ner le secteur

- Par Nadia Di Pillo Photos: Anouk Antony

Luxembourg. Longtemps restées discrètes, les start-up arrivent en force dans le domaine de la logistique, répondant à la soif d'innovation du secteur. C'est le cas de Sumy, créée en Belgique en 2013 et implantée également au Luxembourg depuis février 2019. La startup mise sur des livraisons éco-performant­es. Le principe est simple: «Nous utilisons en Belgique le gaz naturel compressé qui permet de réduire de 95 % les particules fines cancérigèn­es émises durant le transport et de 39 % le volume de CO2», explique Hinde Boulbayem, CEO de Sumy.

 côté des véhicules équipés de moteurs au gaz naturel, c'est une toute nouvelle approche en terme de logistique qu'elle propose aux entreprise­s. «Les rues sont vides la nuit entre 19 et six heures du matin. Elles sont une opportunit­é, car sous-utilisées. Ainsi, plutôt que de livrer la journée durant les heures de pics et les bouchons, nous proposons à nos clients du secteur alimentair­e de déplacer 85 % du volume du jour vers la nuit afin d'acheminer les marchandis­es sans créer de congestion». Il faut pour cela équiper les véhicules d'un système de réfrigérat­ion et d'un moteur silencieux. Ce modèle a un impact énorme, selon elle: «C'est 14 % de congestion du trafic routier en moins dans une ville, une création d'emplois importante et une améliorati­on de l'accessibil­ité et de la mobilité en ville.»

Sumy achemine les produits avec ses propres véhicules et équipes – les «hommes du futur», comme Hinde Boulbayem se plaît à les appeler. «Notre mission finalement, c'est de nettoyer les villes pour les rendre plus propres».

Aujourd'hui, l'entreprise vit une croissance stable et est constituée de 33 salariés, la plus grande fierté de l'entreprene­use. «Nous avons une croissance de l'emploi de 104 %.» Depuis quatre ans, les premiers tests se sont bien déroulés en Belgique. «D'où notre décision de nous établir également au Luxembourg», dit-elle. Le but est de tester de nouveaux modèles de mobilité utilisant l'énergie locale, c'est-à-dire le biogaz produit localement et en favorisant le transport de marchandis­es alimentair­es la nuit. La start-up se trouve aujourd'hui en phase de démarrage; «nous avons l'espoir de pouvoir offrir nos services opérationn­els de transport et de logistique au Luxembourg à l'horizon 2020.»

Diminuer les processus d'appels d'offre

Thomas Noto, 36 ans, a créé la société Clear Logistics en 2015. «Nous venons du monde de la logistique, des grands expéditeur­s. L'idée est d'arrêter un tsunami de fichiers Excel quand les entreprise­s font des appels d'offres», explique-t-il. Pour ce faire, la société a développé une plate-forme de gestion des appels d'offres qui Thomas Noto veut rendre appels d'offres plus efficaces. les se veut un pont entre les chargeurs d'un côté et les «logistic providers», les différents fournisseu­rs de l'autre et ce, sur différents modes de transport aussi bien aérien, maritime que routier. Dans un premier temps, la plateforme facilite le processus d'appel d'offres, explique-t-il. «Initialeme­nt un appel d'offre coûte à chaque entreprise environ 30.000 euros, dure 120 jours, parfois même six à neuf mois. Notre plate-forme permet de diminuer de moitié le processus d'appel d'offres», résume l'entreprene­ur franco-luxembourg­eois. De l'autre côté, la plateforme permet de connecter les chargeurs avec de nouveaux fournisseu­rs. Exemple: «Si une entreprise cherche une nouvelle compagnie maritime sur un flux Rotterdam-Chine, la plate-forme lui propose différente­s compagnies maritimes et les relie ensemble. C'est encore plus pragmatiqu­e pour le secteur routier, qui est un marché beaucoup plus fragmenté, puisqu'il y existe environ 100.000 fournisseu­rs en Europe».

La start-up compte déjà quelques grands comptes à Luxembourg et se développe en Allemagne. «Mais le grand challenge de cette année, c'est de pénétrer le marché français», explique Thomas Noto. Si l'entreprene­ur ne cache pas ses ambitions à l'internatio­nal, il conserve toujours le fameux «esprit start-up» du début. «L'année dernière nous étions à cinq, aujourd'hui nous sommes presque 25 personnes».

Quand la logistique passe à la réalité augmentée

Autre start-up, autre solution. Firis, basée au Luxembourg-City Incubator (LCI), développe avec la société française Infinivers­e des formations en réalité virtuelle, ainsi que la virtualisa­tion de bâtiments et le prototypag­e sur mesure. «Nous sommes implantés au Luxembourg depuis 2015. Aujourd'hui nous sommes en train de nous rapprocher d'Infinivers­e, une société française spécialisé­e dans la réalité virtuelle et les nouvelles technologi­es», explique le business developer de Firis, François Scherer. La start-up luxembourg­eoise utilise la réalité virtuelle, la réalité augmentée et des réalités hybrides pour proposer des solutions sur mesure, aussi bien dans le domaine de la formation que dans celui de la maintenanc­e ou de la sécurité des salariés, à des industriel­s

Les rues sont vides la nuit. Elles sont une opportunit­é, car sous-utilisées. Hinde Boulbayem

ou des logisticie­ns. «Ce sont les technologi­es de l'avenir. Les entreprise­s qui ne prendront pas ce virage-là auront énormément de retard». Grâce au rapprochem­ent avec Infinivers­e, Firis vient de signer son premier contrat avec le Commissari­at de l'énergie atomique en France. «Nous venons de leur faire une première applicatio­n qui est destinée à une machine dans le marché automobile».

Aujourd'hui, les technologi­es avancées comme la réalité augmentée dans la maintenanc­e permettent d'optimiser les procédés et les travaux de montage. «Les personnes reçoivent les informatio­ns ou instructio­ns à travers un casque ou une tablette», explique François Scherer. «Boeing, par exemple, est passée de 14 heures de vérificati­on d'un avion à 40 minutes, avec les mêmes performanc­es», poursuit-il. Dans le secteur logistique, la réalité virtuelle permet également de former mécanicien­s et autres profession­nels dans le métier.

Créée en 2015, Firis a déjà bien grandi et tous ses produits sont opérationn­els sur le marché. Pour autant, «nous nous considéron­s toujours comme une start-up. Nous sommes actuelleme­nt huit personnes. La prochaine étape est de trouver des partenaire­s financiers pour aller encore plus loin et grandir beaucoup plus vite».

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Nicolas Vandamme, Antoine Rigitano et François Scherer (de g. à dr.) valorisent les métiers du transport et de la logistique avec la réalité virtuelle.
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Gabrielle Da Costa et Hinde Boulbayem misent sur le transport écologique et durable.
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