Vent de fronde contre l’implantation d’un restaurant McDonald’s

Y’a-t-il besoin d’un cinquième fast-food au nord-est de Toulouse ? Pétition, appel au maire… Des habitants s’opposent à l’installation d’un McDo le long de la route de Lavaur, à Montrabé.

Nous n’avons pas besoin « d’un fast-food à Montrabé ». C’est le nom d’une pétition lancée mercredi 1er mai et qui a récolté plus de 500 signatures en quelques heures dans cette commune de 4 000 âmes, au nord-est de Toulouse. Une pétition à l’initiative de… l’Association des parents d’élèves des écoles de la commune, aussi soucieuse de la réussite que de la ligne de ses Pitchouns. Mis en cause, le maire dit ne pas pouvoir s’opposer à cette implantation « en cours d’instruction par la Métropole ». Dans cette pétition publiée sur le site change.org, l’association interpelle les élus du Conseil municipal, accusés d’avoir « mené en toute discrétion » ce projet qui « constitue une grande menace pour le territoire montrabéen, en termes d’environnement, de santé, de qualité de vie et d’économie locale ». Contacté, Jacques Sebi, le maire de Montrabé, déplore « des informations erronées et fausses » qui circulent via cette pétition. « Le dépôt de permis de construire a été affiché en mairie, tout est règlementaire dans cette affaire ».

« Tout le monde s’affole, mais… »

En réalité, McDo a déposé « un premier permis de construire en début d’année, qui a été refusé pour des problèmes d’implantation, car le sens de circulation ne convenait pas »,

C’est sur ce terrain, au bord de la route de Lavaur à Montrabé, que la construction d’un nouveau McDo est envisagée souffle l’élu. Ce qui manquait au projet ? Concrètement, avant de rectifier le tir, McDo France avait prévu une zone de stationnement à l’avant des bâtiments, le long de la RD112, et non à l’arrière, comme le préconise le PLU… L’enseigne est revenue à la charge le 12 mars dernier. Une nouvelle mouture est désormais « en cours d’instruction au niveau de la Métropole », dont les services chapeautent les dossiers d’urbanisme sur les 37 communes du territoire. « Tout le monde s’affole, mais le permis de construire n’est pas délivré. Les sorties seront scrutées et validées par la Métropole.

Pour l’instant, je ne sais pas s’il recevra un avis favorable, mais si tel est le cas, les habitants en seront informés : on mettra une pancarte sur le site », explique le maire.

Le site, justement ? Commercialement, la firme américaine se trompe rarement dans ses choix d’implantation… En tête de gondole sur la très empruntée M112 (ou route de Lavaur), cet énième McDo de l’agglo serait sans surprise immanquable. Doté d’un drive, le fast-food aurait pignon sur rue à côté du magasin Super U. Il s’installerait sur un terrain surplombant ce supermarché, en lieu et place d’une maison d’habitation où gambadent encore des poules, fraîchement vendue et d’après nos informations, en passe d’être rasée. Le tout à quelques dizaines mètres de nouvelles résidences construites dans cette commune où les immeubles ont poussé comme des champignons ces dernières années le long de la route de Lavaur. « C’est un particulier qui a vendu cette parcelle à McDo », confirme le maire. « Et c’est une affaire de privé à privé ». Une enseigne de restauration rapide ici ? « Nous n’en avons pas besoin », écrivent encore les parents d’élèves, qui s’estiment déjà rassasiés en la matière. « À ce jour, quatre fastfoods sont situés à moins de 5 km de notre petite ville, accessibles en transports en commun. Nous considérons que cela est bien suffisant ».

Risque d’obésité des collégiens ?

Et puis, ce projet serait aussi et surtout situé… à quelques centaines de mètres du collège Paul-Cézanne, établissement scolaire réputé du nord-est toulousain, dont les ados pourront aisément venir à pied. Ce qui n’a bien évidemment échappé aux parents d’élèves… « La proximité des établissements scolaires avec le fast-food est grande : il est démontré qu’une telle proximité entraîne une augmentation de 5 % de l’obésité dans la population d’âge scolaire », estiment-ils.

Pourquoi l’enseigne a-t-elle jeté son dévolu sur cette commune, dans un secteur qui paraît déjà bien fourni ? « Nous confirmons un intérêt pour un projet de restaurant McDonald’s à Montrabé. Ce projet répond à une demande forte de bénéficier d’une offre variée, accessible et disposant d’une importante amplitude horaire », réagit par voie de communiqué le groupe. « Comme nous le faisons pour chaque projet exploré, nous avons à coeur d’adapter notre proposition pour s’intégrer au mieux aux plans d’urbanisme de la commune et répondre aux attentes locales. Nous poursuivons l’étude de ce projet en continuant à travailler avec l’ensemble des parties prenantes locales », assure McDo. « Je suis le maire, et je suis le garant du respect de la loi et du PLU « , rétorque de son côté Jacques Sebi. » Je gère ce dossier comme n’importe lequel. Concernant l’implantation d’une entreprise, la seule chose que je dois regarder, c’est si tout est règlementaire vis-à-vis du plan local d’urbanisme. Le maire n’a pas de marge de manoeuvre pour empêcher l’implantation d’un fast-food quel qu’il soit, s’il respecte toutes les règles d’urbanisme. Le site concerné est une zone économique depuis 2005. Quand Super U s’y est implanté, il y a eu des débats, mais maintenant, tout le monde y va !« . Le maire ne s’opposera donc pas à l’arrivée de l’établissement à Montrabé : » Je ne vais pas engager ma responsabilité pénale et la responsabilité financière de la commune. Il y a de la jurisprudence en la matière « , dit le premier magistrat, qui fait par ailleurs valoir que cette zone va encore évoluer avec l’arrivée d’un » centre médical, qui doit s’implanter de l’autre côté du Super U « . Jacques Sebi juge en outre que » les maires n’ont pas à s’immiscer dans le choix des enseignes « . »McDo souffre de la mauvaise image de marque des restaurants rapides, mais je n’ai pas de jugement de valeur à porter sur le nom du restaurant : cela aurait été KFC, Burger King ou une autre enseigne, peu importe« .