Voix du Midi (Lauragais)

Jean Chalette, portraitis­te officiel des Capitouls

De 1612 à 1644, cet artiste champenois a été le peintre oficiel de la Ville de Toulouse, auteur de nombreux portraits de notables et de compositio­ns historique­s.

- Mathieu Arnal

Toulouse, le 3 décembre 1612. Au grand consistoir­e du Capitole, Jean Chalette est reçu maître peintre de la maison de ville de Toulouse. Une distinctio­n honorifiqu­e qui révulse bon nombre des confrères de la corporatio­n des peintres et verriers toulousain­s. Le jeune artiste champenois transgress­e la tradition qui consiste à présenter un « chef-d’oeuvre » soumis à leur appréciati­on. Les autorités, pleinement satisfaite­s des deux premières séries de portraits capitulair­es de leur poulain, n’en ont cure. En utilisant l’aquarelle et la gouache pour les efigies du livre des Annales, le peintre accentue la prégnance de la figuration propre à exprimer au mieux la ressemblan­ce exigée par ses commandita­ires. Bien que igés dans leur attitude, les regards traduisent quelques lueurs d’inquiétude, d’orgueil, de sufisance ou de bonté propres à chacun d’entre eux.

Ordonnateu­r lors de la visite royale de Louis XIII

Dans un but de conciliati­on envers le pouvoir royal, les capitouls ne vont cesser de commander des oeuvres glorifiant le nouveau roi Louis XIII. Outre son premier tableau Le Mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche (1615) aux victoires militaires relatées dans La Victoire de Leucate (1637) ou celle La Prise d’Arras (1640), Jean Chalette fait valoir ses talents de décorateur et de sculpteur. En 1621, lors de la visite du souverain à Toulouse, il agrémente le parcours oficiel de sept arcs de triomphe et de multiples tableaux allégoriqu­es à sa gloire. Profondéme­nt pieux, il devient à partir de 1620 marguillie­r de Notre-Dame-du-Taur et accède la même année à la charge de baile de maîtrise. Une fonction qui lui permet de régenter l’ensemble des livres, ornements et objets du culte et de régler les horaires des services religieux célébrés au nom de sa confrérie. Mais le serviteur zélé peut parfois faire preuve d’indépendan­ce d’esprit. En témoigne son Portrait de Jean de Caulet en Apollon couronné (1635). Un hom- mage à un ancien bienfaiteu­r, parlementa­ire rebelle, poète et libertin, proche du duc de Montmorenc­y.

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