Voix du Jura

Gouverneur-Audigier veut vendre de l’authentiqu­e

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Ce n’est pas sans une certaine satisfacti­on que Philippe Girod s’affairait à servir ses clients asiatiques, « en quête d’authentici­té » sur le stand de Gouverneur-Audigier. « Notre histoire est claire, nous avons 140 ans derrière et la photo de l’atelier qui est présentée correspond à l’atelier comme il est encore aujourd’hui », expliquait l’homme qui a repris la lunetterie en 2014, mais a su y conserver des machines centenaire­s. La passion est d’ailleurs restée intacte dans cette entreprise bien jurassienn­e, fondée en 1878 et récemment labélisée « Entreprise du patrimoine vivant ». « Le public ne veut plus avoir quelque chose d’impersonne­l, il veut mettre du sens dans son achat, nous lui proposons de la passion et de l’authentici­té », estime Philippe Girod. Pour lui, le néorétro n’est d’ailleurs pas pertinent. « Si en son temps Clément Gouverneur n’avait pas innové, on ne serait pas là. Il ne faut donc pas reproduire les lunettes du passé, mais continuer à proposer des choses nouvelles, ce doit être notre moteur ».

Pour lui, le premier vecteur de la vente est l’esthétique, la finesse du produit. Et s’il sent monter le retour du métal et des montures combinées acétate et métal, il sait aussi qu’il est sur un segment qui devrait monter : « nous disons aux opticiens venez visiter nos ateliers, venez voir notre savoir-faire. C’est ce que cherchent nos clients de Taïwan : de jolies lunettes et une histoire… »

Eux ne sont pas Jurassiens, mais nordistes, installés à Roubaix. Ils ont toutefois misé sur le Made in France pour proposer un produit innovant : la lunette imprimée en 3D. Et s’ils ne sont pas les inventeurs du concept, ils l’ont amélioré en utilisant un polyamide de type 11 totalement analgisant et biocompati­ble. À la façon du Slip Français, « Glass’Yourself » va changer de nom pour devenir « La Lunette Française » et porter haut la cocarde nationale…

Les montures peuvent être «standard» (vendues 70 € aux opticiens et revendues 149 € au client) ou sur mesure et personnali­sées en coloris à 99 € pour une revente prix public à 250 €.

« Le polyamide de type 11 est d’origine végétale et est utilisé pour faire les prothèses cardiaques. Il a un touché plus doux et un vrai aspect qualitatif », explique son créateur. Pour les modèles sur mesure, l’opticien doit prendre les dimensions du client, taille du nez, écart temporal, longueur des branches et, en quelques clics, il peut changer la face de la lunette, ajouter ou enlever de la matière. Une fois la monture définie, un numéro unique lui est attribué et le process de fabricatio­n est lancé, sous-traité à une entreprise francilien­ne qui travaille avec de grosses imprimante­s 3D sous atmosphère protégée. Puis la coloration et le montage des faces et des branches est réalisé à l’atelier, dans le Nord.

Tout le processus peut bien sûr être suivi par le client via une applicatio­n et partagé sur les réseaux sociaux au cas où la planète se passionne pour la fabricatio­n de ses lunettes… Des essais sont également en cours avec des entreprise­s d’Oyonnax pour associer d’autres matériaux, acétate et métal, aux créations en polyamide.

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