Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À Airole, le phénomène migratoire pèse sur le scrutin

- À Airole et Vintimille (Italie), ROMAIN MAKSYMOWYC­Z

Dans le village d’Airole, dans la basse vallée de la Roya, en Italie, la coalition menée par Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni devait marquer des points hier grâce à la Ligue de Matteo Salvini. Avec Forza Italia, bien implanté, l’extrême droite devait gagner du terrain. Au coeur des préoccupat­ions, l’immigratio­n.

Point de départ de belles randonnées, étape gastronomi­que reconnue, village de caractère… Airole arbore toujours fièrement son drapeau orange. La bandera arancione, c’est le label de qualité touristiqu­e et environnem­ental attribué à certaines localités italiennes. Sur la route de la Roya qui serpente vers cette commune de 400 âmes, flottent aussi sur les balcons quelques drapeaux arc-en-ciel Pace, symbole pacifiste. Mais dans ce village historique­ment communiste après la Guerre, la majorité a doucement et irrémédiab­lement glissé vers la droite nationalis­te.

« Une menace sur les droits civiques »

«Onapeur» , grondent Giulia et Roberto devant le bureau de vote : « Pour une partie de la jeunesse, le débat électoral a été confisqué par la nécessité du vote utile pour la coalition de gauche… Mais ils sont désespéran­ts ». Ils n’ont pas su s’allier et enrayer la montée en puissance de Giorgia Meloni, qui apparaît comme une candidate classique de la droite alors que « nous savons tous qu’elle a des idées extrémiste­s et que sa défense des valeurs familiales est une menace sur les droits civiques. Elle met en avant son partenaria­t avec Berlusconi et Salvini, mais elle pèsera plus », s’inquiètent ces étudiants turinois.

« La Ligurie reste traditionn­ellement une terre chrétienne-démocrate, parfois influencée par la gauche dans les zones urbaines. Cependant, des maires ont parfois été élus avec le soutien actif de La Lega » .Si « dans les petites communes, les électeurs choisissen­t davantage une personnali­té qu’un parti », explique Sergio Scibilia, président d’une associatio­n de commerçant­s de la Riviera dei fiori et fin connaisseu­r de la vie politique locale, le maire d’Airole, lui, ne cache pas sa proximité avec La Lega. Maurizio Odoero est un ami de Flavio di Muro, député sortant et de nouveau candidat ligure de Matteo Salvini au parlement.

« Elle protègera vraiment les Italiens »

« Dans cette partie de l’Italie, les électeurs sont davantage pour Salvini. Ils reconnaiss­ent qu’il a pris ses responsabi­lités en participan­t au gouverneme­nt », analyse le maire rural. Refusant la qualificat­ion de post-fascisme, il affirme que « les idées de la coalition de centredroi­t portent toujours ».

Il ne serait donc pas étonnant que la nouvelle percée du parti Fratelli d’Italia et de ses alliés se confirme ici aussi. Car une autre peur s’exprime au pied de cet amphithéât­re d’oliviers : l’immigratio­n. « Elle parle bien, elle dit des choses intéressan­tes… », estime du bout des lèvres Sonia, employée dans un cabinet médical, revenue vivre à Airole après des années sur la côte.

« Elle parle beaucoup ! Elle parle trop, c’est sûr ! Mais les gens sont très remontés et veulent lâcher cette colère. Toute la misère du monde échoue à Vintimille, elle remonte la vallée et nous sommes envahis », ressent Danielle, retraité franco-italien installé à Breilsur-Roya tout en votant de l’autre côté de la frontière.

La tendance semble claire. Alessandro la confirme. Ce barman d’Olivetta pense que Giorgia Meloni « protègera vraiment les Italiens » et « défendra les structures de l’État et les intérêts nationaux ».

 ?? (Photo R. M.) ?? Hier, à Airole, où, comme dans de nombreuses villes d’Italie, l’immigratio­n est au coeur des préoccupat­ions.
(Photo R. M.) Hier, à Airole, où, comme dans de nombreuses villes d’Italie, l’immigratio­n est au coeur des préoccupat­ions.

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