Une enquête personnelle
L’histoire
Maigret (Gérard Depardieu) enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, et réveille en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime…
Notre avis
Pour son trentième long-métrage, Patrice Leconte s’attaque à la figure de Maigret. Sans trahir l’esprit de Georges Simenon, le cinéaste s’approprie le fameux commissaire et le confie à un certain Gérard Depardieu, acteur qu’il dirige par ailleurs pour la première fois. Une rencontre qui tient toutes ses promesses. Plutôt que de s’intéresser à l’enquête et de faire planer un suspens, cette adaptation cinématographique de Maigret et la jeune morte, publié en 1954, s’intéresse à l’homme et à ses failles. Fatigué, las, sur le déclin, sans entrain, marqué par un deuil passé, la psychologie du policier est travaillée et l’errance envoûte le spectateur. Gérard Depardieu, murmure ses mots, n’élève jamais la voix et fait preuve d’énormément de sensibilité. Peu à peu le personnage et l’acteur se confondent, comme s’il n’y avait plus de frontières. À l’écart des poncifs – un stratagème est même trouvé pour que Maigret ne fume plus la pipe – et précis dans son écriture, y compris dans les seconds rôles, ce polar a le mérite de se pencher longuement sur l’importance de redonner une identité aux défunts, pour qu’ils ne restent pas dans l’oubli. Une question de respect et de mémoire profondément humaine.