Attaque au cutter à La Seyne : ans de réclusion pour l’accusée
La cour d’assises du Var a finalement retenu la préméditation dans le geste criminel d’Easy Lazzarucci. La Mandréenne, armée d’un cutter, avait attaqué et blessé Michel L. et Valentine T. le 17 juin 2018 dans le supermarché Leclerc des Sablettes, à La Seyne (lire nos éditions précédentes). Il avait fallu l’intervention d’un client puis du personnel du magasin pour maîtriser la jeune femme.
L’apologie du terrorisme non retenue
Hier, la cour d’assises du Var l’a reconnue coupable de « tentatives d’assassinats » et condamnée à 14 ans de réclusion criminelle, peine assortie à l’issue d’un suivi sociojudiciaire de cinq ans avec obligation de soins et de travail. En revanche, malgré les propos tenus par l’accusée lors de son attaque le 17 juin 2018 dans le supermarché Leclerc des Sablettes à La Seyne – « Allahu akbar, vous êtes tous des mécréants, qu’Allah vous jette un sort » – le tribunal n’a pas retenu le délit connexe d’apologie du terrorisme. À l’époque, l’enquête avait rapidement conclu à un acte isolé, relevant du droit commun. Une (petite) satisfaction pour l’avocate de la défense Me Odile Simonin. « Elle a crié “Allahu akbar” pour être tuée, a-t-elle rappelé pendant sa plaidoirie. Cela correspond totalement à l’immaturité d’Easy Lazzarucci. Il n’y a pas eu d’endoctrinement, de construction extérieure dans son passage à l’acte. »
Un passage à l’acte néanmoins prémédité. Calculé. Réfléchi à défaut d’être compris. « Quand Easy Lazzarucci prend le bus ce matin-là avec son cutter dans le sac, elle sait ce qu’elle va faire, a expliqué l’avocate générale. Elle va faire du mal. Elle est venue pour tuer. » Appelant les jurés à reconnaître cette préméditation sur fond de peur du terrorisme, elle avait requis une peine de 15 à 18 ans de réclusion. Et même si la cour n’a pas reconnu cette « volonté de donner la mort au nom d’une idéologie », force est de constater qu’Easy Lazzarucci, par cet acte, a voulu « exister ».
« La guerre nourrit la guerre »
Comme une revanche ignoble sur sa vie. Sur son enfance malheureuse, entre un père accro à l’héroïne et une mère alcoolique et violente. Victime, Easy Lazzarucci – qui tient son prénom en « hommage » au film Easy Rider de Dennis Hopper – n’a jamais pu s’extraire de ce cercle vicieux. « Son immaturité l’empêche de percevoir les autres, poursuit son avocate. Comme quand un enfant ne comprend pas une punition et qu’il devient méchant. Et comme un enfant qui regarde Spiderman à la télévision et se prend pour un super-héros, elle s’est prise pour une jihadiste… » Toutes ces tentatives d’explication n’enlèvent rien à la douleur des victimes. « Ces faits ont eu des conséquences dramatiques, a tenu à souligner Me Benoit Pecorino aux intérêts de Valentine T. Sur le moral, le physique, les proches… »« Durant ce procès, Easy Lazzarucci a souvent répété que le mal engendre le mal, que la haine entraîne la haine, a poursuivi Me Laurent Gavarri en partie civile de Michel L. Mais elle a oublié de dire que la guerre nourrit la guerre… » En moins de deux minutes ce 17 juin 2018, Easy Lazzarucci, qui souhaitait que les autres souffrent autant qu’elle, a réussi sa mission. Elle en paye aujourd’hui le prix.