survols d’hélicoptère en une seule journée d’été ! Ramatuelle
Excédé par la multiplication du trafic aérien à proximité de sa propriété, un résident allemand proche de Pampelonne a fait réaliser une expertise. Et elle est édifiante !
L’épineuse question des survols d’hélicoptères au-dessus du Golfe de Saint-Tropez et des nuisances qu’elles font supporter aux riverains devrait se poser cet été avec moins d’acuité que les précédents, en raison des contraintes liées à la crise sanitaire. Encore que... Toujours est-il qu’elle reste d’actualité, au milieu d’une procédure administrative menée par les services de l’État pour limiter le nombre d’hélisurfaces en milieu rural dans le Golfe (onze à ce jour) mais valider des projets d’hélistation (quatre à l’heure actuelle) pour peu qu’ils respectent la réglementation, environnementale notamment - voir nos éditions des 24 et 29 avril derniers -.
Pas de chiffres précis
Au milieu de cet enjeu, des associations de riverains comme Halte hélicos tentent de faire entendre leur voix. Mais avec la difficulté de ne pouvoir avancer des chiffres fiables sur la multiplicité des rotations d’hélicos qui polluent leur quotidien, toute l’année mais principalement en saison estivale. Le sous-préfet de Draguignan, Eric de Wispelaere, était le premier à le reconnaître lors de son dernier « bilan d’étape » : «Tantque je n’aurai pas un système de comptage fiable, je reste prudent sur les chiffres mais on peut considérer, puisque cela est avancé dans l’avis donné récemment par l’Autorité environnementale, que les 12 000 mouvements sont une base sérieuse de réflexion. » Un résident allemand, qui a sa villa à Ramatuelle, a voulu en avoir le coeur net. Drik Wiechmann est domicilié avenue des Lauriers Roses, à l’arrière de la plage de Pampelonne. Cinq hélisurfaces sont déclarées à proximité de sa propriété, pour lesquelles des itinéraires de vol sont définis par les services de la sécurité de l’aviation civile avec des couloirs de navigation. Du 1er juillet au 31 août, ces hélisurfaces sont par ailleurs utilisables de 10 h à 13hetde16hà20h,avec pour chacune un nombre de mouvements limité. Malgré cela, Drik Wiechmann déplore depuis 2017 (il a construit sa villa en 2010) des « survols de plus en plus intenses, un passage incessant d’hélicoptères, engendrant nuisances sonores et troubles de voisinage. »
h: ça commence déjà
Il a donc décidé de le faire constater par voie d’huissier. Et les résultats sont édifiants ! Le 21 juillet 2019, un huissier de justice s’est rendu à son domicile de 9 h 10 à 20 h 06 très précisément, accompagné par un docteur en acoustique, expert près la Cour d’appel d’Aix-en-Provence et Cour administrative de Marseille, qui a installé un sonomètre homologué sur la terrasse de la villa, ainsi que dans le séjour. Les constatations, photographies et mesures ont alors commencé. Le premier hélicoptère a survolé la propriété à 9 h 19. Et de toute la journée, cela n’a pas arrêté, entre hélicos, avions publicitaires, jets et petits avions. Le trafic aérien s’est certes interrompu dans la tranche horaire 1316 h, à l’exception de quelques hélicoptères éloignés, avec un impact sonore modéré, mais il a fortement repris juste après.
Une nuisance cumulée de h !
Au total, souligne le constat d’huissier, 98 hélicoptères ont survolé les lieux sur cette seule journée pour une nuisance sonore cumulée de 1 h 45, avec des pics pouvant atteindre 70 dB ! Sans compter les avions... « L’experte qui est venue m’a dit : mais c’est incroyable ce qui se passe chez vous. C’est pire qu’à l’aéroport de Nice où il y a 75 mouvements d’avion par jour ! » Dans son rapport, l’acousticien relève lui que « tout voisin qui émettrait de manière répétitive un niveau sonore d’amplitude et de durée similaire à celui des hélicoptères serait en infraction. » En tout état de fait, des relevés supérieurs à 21 dB tels qu’ils ont été mesurés « sont des nuisances sonores sévères qui impactent l’individu. À ce stade déjà, une activité normale (parole, écoute, lecture, etc.) sur la terrasse de la villa de M. Wiechmann va être interrompue par le passage des hélicoptères. » Ce rapport est donc un sacré pavé dans la mare et une contribution précieuse, avec des chiffres cette fois vérifiés, à la problématique des survols aériens au-dessus du Golfe.