Famille d’Hakim Ajimi, à Grasse : « La douleur remonte à la surface »
«Les mauvais souvenirs et la douleur remontent à la surface. Je ne peux pas m’empêcher de penser à mon neveu, c’est exactement la même chose. George Floyd, c’est la même scène, la même horreur. C’est une plaie ravivée pour nous et ça fait mal à toute la famille », confie Habib Labbene, l’oncle d’Hakim Ajimi. Le jeune homme avait 22 ans, le 9 mai 2008, lorsqu’il a été interpellé à Grasse par des agents de la Bac (Brigade anticriminalité) alors qu’il venait de gifler son banquier. Hakim Ajimi résiste violemment à l’interpellation et luxe l’épaule de l’un des policiers. Une fois à terre, menottes aux pieds et aux mains, il est plaqué face contre sol. Maîtrisé. Mais l’un des deux agents le maintient avec le genou, tandis que l’autre effectue une clé d’étranglement pendant de longues minutes. Le Grassois décède pendant son transport vers le commissariat. Le rapport d'expertise médicale est sans appel : il est mort par «asphyxie mécanique », conséquence d'une compression thoracique bien trop forte. Bien trop longue. En 2012, les deux policiers de la Bac sont condamnés à 18 et 24 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Un policier municipal avait écopé de 6 mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Des peines confirmées en appel en 2013. « L’affaire Floyd me révolte, ça se passe aux États-Unis mais cela peut se passer en France, la preuve avec Hakim. Mon neveu ne représentait plus une menace, il était à terre... C’était de l’acharnement et cela devrait être sévèrement puni. On s’associe à la peine et à la révolte de la famille de George Floyd », lâche Habib. Mais pas question pour lui de généraliser : « On n’est pas contre la police bien au contraire, on est contre ce type de pratiques, contre les débordements, contre les bavures. » Même discours pour Hatem Ajimi, l’un des frères d’Hakim : « Il n’est pas question de dire que cela concerne tous les policiers. C’est une infime minorité, mais elle peut salir toute la profession. » Il souffle : « Ce que nous voulons c’est que lorsqu’un policier dérape à ce point, jusqu’à tuer quelqu’un, il soit puni en conséquence. » Et de regretter : «On pense que pour mon frère la justice n’est pas passée correctement, ils n’ont eu que du sursis. » Hatem Ajimi reprend son souffle : « Ce qui s’est passé aux États-Unis a profondément touché ma famille. Voir les images de George Floyd nous a remis en mémoire ce qu’a subi mon frère. Nous sommes solidaires de la famille de cet homme, car nous sommes passés par la même douleur. Et nous sommes solidaires des manifestants contre les violences policières. »