Âpres débats au procès de F. Bernhard à Marseille
Au premier jour de l’audience qui voit comparaître le maire de Sanary, les premières explications n’ont pas toujours convaincu. Chacun s’est exprimé avec pugnacité, de part et d’autre de la barre
L «a question était de savoir si vous étiez en infraction avec la loi. Pas de savoir si vous êtes un bon maire .» Au premier jour du procès de Ferdinand Bernhard, la présidente de la 6e chambre n’hésite pas à rappeler de quoi son tribunal est saisi. Et à reformuler plusieurs fois la même interrogation, pour tenter d’obtenir une réponse plus précise. Hier à Marseille, le maire de Sanary, 68 ans, s’est défendu dans les deux premiers volets (sur six) de son dossier pénal. Les débats sont vite entrés dans le vif du sujet avec l’utilisation par le maire d’une voiture de fonction, dotée d’une carte de péage. Un soupçon de détournement de fonds publics.
Contribuables
La présidente du tribunal Céline Ballerini demande si la Peugeot 3 008 était à l’usage exclusif du maire ? Et comment a-t-elle été attribuée ? Dans quel cadre légal ? Ferdinand Bernhard explique avoir « toujours croisé les autres maires, au Département par exemple, avec voiture et chauffeur ». Il a agi « par mimétisme ». Lui, ne veut pas de chauffeur, ce serait son avocat Me Julien Pinelli.
de « l’argent des contribuables jeté par les fenêtres ». Ferdinand Bernhard prétend aussi que ses déplacements privés, avec cette voiture, « sont très limités ». « Quand vous êtes à Vars, dans votre résidence secondaire, ce dont vous avez bien le droit, pointe la présidente, vous n’êtes pas dans vos fonctions
? ».« Quand je suis à Vars, je peux être amené à redescendre à Sanary [en urgence] », justifie le maire – cela ne s’est jamais produit. Idem pour un voyage à Sienne, en Italie. En mairie, personne n’était choqué que Ferdinand Bernhard dispose d’un « véhicule en tant que maire, y compris le week-end ». La chambre régionale des comptes, elle, avait trouvé à y redire, en 2011. Ferdinand Bernhard argue de sa bonne foi, « je n’ai pas la science infuse ». Et admet que « la question ne s’était jamais posée ». La présidente « s’étonne » à voix haute : « La loi s’applique à tous .»
Le second volet, un grief de favoritisme, va se révéler plus corsé, non seulement pour Ferdinand Bernhard, mais aussi pour un deuxième prévenu, Jean-Jacques Ceris, 75 ans (recel de favoritisme). Ancienne figure des OEuvres laïques du Var, se décrivant comme « un passionné »,ila « eu le sentiment d’avoir oeuvré pour l’intérêt général ». Pour une mission attribuée sur appel d’offres, sa société fut rétribuée 6 000 euros par mois pendant seize mois. « C’est un chiffre d’affaires, pas un bénéfice », nuance-t-il. L’objet et la réalité de ce marché sont restés un tantinet nébuleux et controversés. Le tribunal insiste. « Le risque, c’est que le tribunal pense que vous essayez d’éviter la question .»
Prestation intellectuelle
Jean-Jacques Ceris avait-il bénéficié d’un avantage, en répondant à l’appel d’offres passé en 2010, vu qu’il était déjà en contrat de « prestation intellectuelle » avec la mairie ? « Je n’ai essayé de favoriser personne, garantit Ferdinand Bernhard. J’ai voulu quelqu’un qui nous aide à bosser dans un dossier particulier, enfance et jeunesse. Un vrai travail a été fait .» « Vous avez choisi la procédure des marchés publics, vous devez respecter certaines règles », tance le procureur Étienne Perrin. Le procès dure jusqu’à mercredi. Le délibéré ne sera rendu que dans trois mois. Le 7 septembre.