Confiance et optimisme au menu des restaurateurs
Parés pour la reprise, ce mardi matin, les restaurateurs dracénois s’adaptent au protocole sanitaire et doivent désormais composer avec une nouvelle inconnue : la fréquentation
Sur la terrasse du Saint-Pierre, dans le centre-ville dracénois, l’équipe de la brasserie ne chôme pas en ce lundi de Pentecôte. Jets d’eau, éponges et produits désinfectants en main, les collaborateurs astiquent le mobilier de fond en comble, à quelques heures d’une réouverture tant attendue. « Bientôt le grand jour ! Enfin ! », lance gaiement un habitué, de passage dans le coin. « Eh oui, et maintenant il va falloir s’adapter », confient les gérants du restaurant, Annie Bassof et Laurent Mathis, qui reconnaissent avoir pris un sacré coup financier avec cette crise. « Plus de 200 000 euros de notre chiffre d’affaires sont partis en fumée, précisent-ils. Nous avons contracté un prêt pour pouvoir tenir le coup. Cette réouverture, nous l’attendions avec impatience, mais il ne faut pas se leurrer : on ne rattrapera ja- mais ces mois de carence. Ce qui est perdu est perdu. »
« Tout est respecté à la lettre »
Conscients, donc, mais pas découragés. Au contraire, les restaurateurs, installés depuis six mois à Draguignan, optent pour l’optimisme et jouent à fond la carte de la sécurité, pour rassurer la clientèle. Distance de deux mètres entre chaque table – la brasserie perdant ainsi 30 % de sa capacité d’accueil, gel hydroalcoolique à disposition, menu jetable et relayé sur les réseaux, fléchage au sol, serveurs et cuisiniers masqués, désinfection avant et après chaque service... « Tout est respecté à la lettre pour que les clients soient, et se sentent, en sécurité », promettent les responsables, avant de glisser : « Nous avons déjà une dizaine de réservations pour la Fête des mères.
C’est plutôt bon signe. Et puis, comme après toute catastrophe, il faut savoir repartir confiants et non d’un pas boiteux. C’est, aussi, ce qui nous fait tenir. » En contrepartie, et avec l’accord de la municipalité, nous pouvons étendre notre terrasse sur quelques mètres. Toute l’équipe sera masquée et pour les clients, le port du masque ne sera obligatoire que pour se rendre aux toilettes. » À ces contraintes s’ajoutent de nouvelles habitudes commerciales... « Les services débutent plus tôt et s’achèvent plus tard. Et la vente à emporter sera privilégiée. L’avenir, nous le savons, sera difficile. Mais nous allons nous adapter, en espérant que les Dracénois jouent le jeu. » Espoir que nourrit à son tour Martino Criscuolo, patron de La petite Agerola. Ces deux derniers mois, le restaurant a continué de tourner, préparant exclusivement des commandes à emporter. « Ce n’est pas ce qu’il y a de plus rentable, mais cela nous a permis de payer nos charges », souligne le gérant, qui a perdu dans la bataille 70 % de son chiffre d’affaires, ainsi qu’une trentaine de places, à l’intérieur comme à l’extérieur. « Sur la forme, tout a été repensé et les toilettes ont été condamnées. Sur le fond, on ne retravaillera pas comme avant. En tout cas, pas tout de suite. Il faudra persévérer. Heureusement, nous avons la volonté et la santé pour. »
« Tirer de cette crise une force »
Et de la volonté, le patron du restaurant-lounge MB2 en a lui aussi à revendre. Déterminé à reprendre dans les meilleures conditions, Jean-Claude Benichou a même profité de cette période d’inactivité forcée pour investir et ainsi renforcer la mise en sécurité de sa clientèle. « Sur les banquettes, il ne reste plus aucun coussin. Sur les tables, plus aucune décoration, hormis les couverts, les verres et les serviettes. Et nous avons investi pour transformer nos menus, pour les parties lounge et restaurant, désormais accessibles depuis un support plastifié comportant deux QR codes. Pour ceux qui n’ont pas de téléphone, la carte leur sera apportée et désinfectée sous leurs yeux. » Enfin, « pour compenser » la réduction inéluctable du nombre de tables, qui entraînera forcément une baisse de fréquentation, le restaurateur a renforcé son équipe avec une nouvelle embauche, et mise sur les livraisons et la vente à emporter, via son site Internet. « Nous avons tout fait pour tirer de cette crise une force, conclut le gérant. Désormais, seul l’avenir nous dira si nos espoirs sont fondés... »
Une certitude : on ne retravaillera pas comme avant”