À Flassans, le parc Aoubré espère rouvrir avant l’été
Fermée au public depuis le 15 mars, l’entreprise a dû mettre sa dizaine d’employés en chômage partiel. Les coûts des soins aux animaux et d’entretien commencent à peser
Aoubré, c’est, depuis vingt ans, la promesse d’une « aventure nature » au sein de trente hectares de forêt, en plein coeur du Var, entre Flassanssur-Issole et Le Luc (1). Pourtant, en cette année anniversaire, l’ambiance n’est pas à la fête. Le fondateur et gérant du parc, Rémy Roseau, qui vit sur place, peine à envisager l’avenir. « Le parc ferme chaque année entre le 1er janvier et le 15 février. Cette fois, nous avons dû le refermer après à peine un mois de reprise et nous ne savons pas quand nous serons autorisés à rouvrir. »
Chômage partiel et incertitudes
La dizaine d’employés a été mise en chômage partiel : « On ne maintient que 20 % de l’activité salariée, ce qui permet à chacun de travailler un jour par semaine. » Parce que, même sans accueillir le public, ce n’est pas le travail qui manque : « On est en milieu naturel… Au printemps, la végétation reprend très rapidement ses droits sur nos installations si on n’est pas là chaque jour pour l’en empêcher. » Rémy a l’oeil sur les branches qui saillent dans les passages, les herbes qui tentent un retour sur les pistes de tuf : « Il faudra que je repasse ici… Que je recoupe tout ça… Ici, un coup de débroussailleuse, puis tout ramasser. Là, le chemin a raviné avec les dernières pluies. On y a pourtant retassé du tuf il y a peu… » Seigneur esseulé d’un domaine en sommeil, Rémy, 70 ans, barbe blanche et chapeau de paille vissé sur la tête, a des airs de Robinson, inspectant les centaines de mètres de chemins forestiers, en plus des parcours accrobranche et des nombreux ateliers qui équipent le parc : jardin des plantes aromatiques, des papillons, des découvertes sensorielles, miniferme, sylvothérapie, etc.
« Les animaux se portent bien »
« Les massifs devraient être beaucoup plus fleuris, mais… C’est un tel travail qu’on ne peut tout faire dans une journée. » Ces derniers jours, une troupe de sangliers sauvages s’est invitée au-delà des fils de protection du jardin des papillons : « Ils ont retourné la terre ici, là… Ils m’ont déterré une partie du système d’arrosage et cassé deux ou trois barrières. Tout ça aussi, il va falloir le réparer… C’est encore du temps que l’on n’a pas. » Les pensionnaires habituels du parc – poules, paons, dindons, lapins, canards, chèvres, ânes, daims, sangliers, etc. – se portent bien. Ils pointent des becs et museaux curieux quand on s’approche de leurs enclos, espérant que cela signifie une distribution de graines ou de feuillages. « On a ce qu’il faut pour nourrir tout le monde, mais cela demande une présence constante, notamment pour le nettoyage des enclos, perchoirs et nichoirs. Vous pouvez compter jusqu’à trois heures de travail par jour. » Les vétérinaires passent à intervalles réguliers pour s’assurer de la bonne santé des habitants de cette petite arche.
« La trésorerie tiendra jusqu’à l’été »
La période de confinement a débuté en même temps que celle qui fait les beaux jours du parc, au printemps. « Avril, mai, juin, c’est là que l’on accueille les groupes scolaires, jusqu’à cinq classes par jour. Ce sont aussi autant d’enfants qui n’auront pas l’idée de revenir avec leurs parents durant les vacances… » En vingt années d’activité, Rémy a su se montrer prévoyant : « Je peux compter sur un fonds de trésorerie jusqu’à juin. La banque joue le jeu et a accepté de reporter les remboursements des crédits. On devrait bénéficier de la prime exceptionnelle de 1 500 euros accordée par l’État. Ça aide toujours… Mais bon. Si ça ne repart pas cet été, on va avoir du mal. » En plus de ces visiteurs perdus, il en est d’autres qui ne devraient pas se montrer cette année : « Avec la limitation de la distance d’éloignement, on ne verra pas les “Parisiens”, ni les gens de l’Est, très présents habituellement. Il y a également peu de chances que les étrangers viennent jusqu’ici. » Rémy espère pouvoir compter sur une clientèle locale, possiblement empêchée de quitter la région. « Nous sommes éloignés du littoral, ce qui implique que les visiteurs prennent une journée entière pour venir nous voir. Beaucoup viennent pour l’accrobranche, mais il en est de plus en plus qui restent ensuite dans le parc pour pique-niquer, aller voir les animaux ou profiter des parcours thématiques. Quelques-uns, notamment ceux qui ont des enfants en bas âge, ne viennent même que pour cela. »
Distanciation : « On a tout prévu »
Parce qu’aucune date de réouverture probable n’a été annoncée pour les établissements recevant du public, Rémy Roseau a décidé de se tenir prêt. «Onatoutprévu: hygiaphones en Plexiglass et gel hydroalcoolique à l’accueil, masques en tissu lavables pour le personnel… Les visiteurs pourront venir avec leurs gants et masques, ou en trouver ici. »
Du côté du matériel de sécurité pour l’accrobranche, même topo : « On a reçu l’aide du Syndicat des loisirs actifs, qui regroupe près de 600 parcs comme le nôtre (2). Cela nous a notamment permis de mettre en place des procédures afin de respecter les mesures anticontamination, notamment avec les baudriers. » Évidemment, le nombre de personnes accueillies ne sera pas aussi élevé qu’à l’habitude, soit près de 300 personnes par jour, mais il sera possible de profiter des activités proposées par le parc en toute sécurité. Reste à connaître la date d’une éventuelle réouverture. 1. Web : www.aoubre.fr FB : « aoubreaventurenature » Tél. 06 12 58 02 26 2. www.sla-syndicat.org