Golfe de Saint-Tropez : les viticulteurs s’adaptent
Privés de près de la moitié de leur chiffre d’affaires du fait de la fermeture des restaurants et plages, les viticulteurs du secteur passent au drive et aux solutions alternatives pour écouler leurs rosés
« S i on n’avait pas la faculté de s’adapter, on n’aurait pas choisi l’agriculture. » Fataliste mais surtout pas résigné, Olivier Ode, le directeur de la cave des vignerons du Plan-de-la-Tour, aborde avec philosophie la crise sanitaire. « Évidemment, ce qui se passe est dramatique mais on n’a pas toutes les réponses et surtout pas d’autre choix que de trouver des solutions. » Pénalisés par l’épisode de gel de mars (lire ci-contre) et privés aujourd’hui d’environ la moitié de leur chiffre d’affaires assuré par les ventes aux restaurateurs et plagistes, les viticulteurs imaginent des solutions alternatives. « On fait beaucoup de démarches par téléphone, on propose aux particuliers des facilités de paiement et on vend sur place du mardi au samedi. On a aussi la chance d’avoir la clientèle des moyennes et grandes surfaces », poursuit le responsable plantourian.
Un millésime de rosé exceptionnel
La plus grande préoccupation des viticulteurs est l’écoulement des rosés, vins d’une année : « Il faut vider les cuves pour les futures vendanges. Le choc de cette crise est d’autant plus grand que le millésime 2019 est exceptionnel », regrette Pierre Audemard, propriétaire du domaine de La Giscle à Cogolin. Loin de baisser les bras, le viticulteur a mis en place un système de drive :« Les clients passent commande, paient par carte bancaire, puis viennent et sont livrés sans quitter leur voiture ». Point positif, même si ça ne compense pas les pertes, les expéditions françaises et européennes sont montées en flèche : « Plus 300 % en une semaine. Ça a explosé ». Seul bémol mais de taille, le prix du transport a fortement augmenté : « 14 à 15 % de surtaxe conjoncturelle ». Malgré tout, la cave propose la livraison gratuite dans un rayon de 30 à 50 km, et à tarif très préférentiel au-delà. À Ramatuelle, au domaine de
La cave des vignerons du Plan-de-la-Tour est ouverte du mardi au samedi. la Rouillère qui borde la route des plages, l’absence de commandes des restaurants et plagistes voisins représente une perte de 60 % du chiffre d’affaires au mois d’avril : « On essaie d’être offensif au niveau commercial, auprès de nos distributeurs. On fait des promotions. On a mis en bouteille une grosse partie des rosés et on espère que l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité, Ndlr) nous permettra de rafraîchir le nouveau millésime. Qu’on puisse en garder 20 %. », lance le propriétaire Bertrand Letartre, qui compte sur la livraison, dès octobre, à sa clientèle de Saint-Barth et de Dubaï.
L’espoir malgré tout
L’optimise règne aussi à la cave coopérative de Ramatuelle : « Tous les voyants ne sont pas au rouge, sinon on se jetterait à la mer », ironise le directeur, Gérald Lattugoni. Si les ventes de Pâques ont forcément été décevantes, la coopérative a joué de chance en lançant son site Internet juste avant le confinement, en février : « Cela nous permet la vente aux particuliers et à la clientèle américaine ». Enfin, dans leurs caveaux de Ramatuelle et de Fréjus, avec 250 m2 d’espace de vente, les conditions de sécurité sanitaire ont été faciles à mettre en place. Aujourd’hui, les viticulteurs attendent la suite : « On est à 50 % du chiffre d’affaires habituel. La suite dépendra de la façon dont se passera le déconfinement ».