On révise ses classiques
« Nous sommes des millions à avoir cru être les seuls à comprendre vraiment Holden Caufield », écrivait un journaliste en 2010, pour la nécrologie de Jérôme David Salinger. À 91 ans, l’éternel ado rebelle venait cette fois de partir pour de bon. Il était l’auteur d’un livre culte : The catcher in the rye, traduit en français chez Laffont avec un titre complètement balourd : L’attrape-coeurs. Un roman forcément autobiographique, qui raconte trois jours dans la vie d’Holden Caufield, exclu de son lycée à la veille des vacances de Noël, et qui erre dans New York, tardant à rejoindre la demeure familiale… Soixante-cinq millions d’exemplaires vendus après sa parution en 1951, et quelque 250 000 ventes annuelles depuis soixante ans pour ce livre universel sur le passage à l’âge adulte. De l’abandon de l’enfance au désenchantement. Ton, style, fond, tics de langage... sur les grandes lignes, L’attrape-coeurs n’a pas pris une ride. Décrit comme un élève médiocre et turbulent par ses profs de lycée, J.D. s’était définitivement retiré dans un chalet en bois dans le New Hampshire depuis 1953, ne se nourrissant paraît-il exclusivement que de petits pois et de noix. Un régime qui semble lui avoir pas mal réussi. Il avait définitivement cessé de publier en 1965, fuyant les journalistes et les hommages comme la peste, et promu mythe vivant par des kyrielles de fans. À lire aussi : Franny and Zooe et Les Nouvelles.