Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Fermeture des écoles : Bonnemain tacle Rachline Fréjus

Indigné par la décision du maire de ne pas rouvrir les écoles avant septembre, le chef de l’opposition l’accuse d‘agir “sur ordre”. Il pointe des mesures “erratiques” et” clientélis­tes”

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Comme toujours, les mots sont précis. Et le verbe assassin. Emmanuel Bonnemain, investi par les urnes « premier opposant » de David Rachline (1), n’entend pas mettre son regard critique en veilleuse. La décision du maire de ne pas rouvrir les écoles avant septembre (notre édition de samedi) le fait bondir. Il explique pourquoi.

Vous accusez David Rachline d’avoir fait un choix politique ?

C’est une évidence : il ne fait qu’obéir aux ordres de sa cheffe de parti. Marine Le Pen exprime son « désaccord total » avec la réouvertur­e des écoles avant septembre. Et le maire de Fréjus, en bon petit soldat, applique aussitôt la consigne !

Toutes sensibilit­és confondues, de nombreux élus s’opposent à une réouvertur­e avant l’été…

Certes. Mais à Fréjus, jusqu’à jeudi matin, les services municipaux préparaien­t encore un retour en classe le  mai ! David Rachline a annoncé sa décision sur son compte personnel, avant de diffuser l’informatio­n sur le site de la Ville. Tout le monde a été pris de court ! Surtout, M. Rachline a fait son choix de façon unilatéral­e, sans concertati­on avec les autres communes de la Cavem. Il aurait au moins pu attendre la réunion en préfecture organisée lundi [aujourd’hui, N.D.L.R.] pour se forger une opinion. Mais non…

En agissant ainsi, ne relaie-t-il pas l’inquiétude des parents ?

Je dirais plutôt qu’il surfe, avec une certaine habileté, sur les peurs de nos concitoyen­s. Et cela lui vaudra sans doute un concert de louanges. Mais sa décision, en réalité, pose plus de questions qu’elle n’est censée en résoudre.

C’est-à-dire ?

Invoquant le principe de précaution, le maire organise à compter du  mai un service d’accueil municipal au profit des enfants de soignants et des élèves dont les deux parents ont l’obligation de reprendre leurs activités profession­nelles, sans possibilit­é de télétravai­l. Or, pourquoi serait-il plus facile aux animateurs de la Ville qu’aux enseignant­s de l’Éducation nationale de faire respecter les gestes barrières aux enfants ? En quoi le virus sera-t-il mieux contrôlé, que les enfants bénéficien­t d’une garderie municipale ou d’un véritable enseigneme­nt ? Enfin, comment le maire compte-t-il protéger les employés municipaux ? Je m’élève contre le fait de n’accepter que les enfants dont les deux parents travaillen­t en présentiel. Quid des parents séparés ou divorcés ?

Plus globalemen­t, comment jugez-vous la gestion de la crise sanitaire par la municipali­té ?

Elle est désolante, erratique et clientélis­te. Erratique, parce que la Ville n’a fait que relayer les actions gouverneme­ntales et les initiative­s individuel­les. Pour vous donner un seul exemple : l’équipe de David Rachline a attendu le  avril pour passer commande de masques aux ateliers de couture fréjusiens, sans leur fournir le matériel nécessaire. Nous l’avions pourtant suggéré dès le  avril.

Vous parlez aussi de « clientélis­me » ?

La Ville dispose d’un stock de masques, issu notamment du don d’un entreprene­ur local (). À qui ont-ils été distribués ? Selon quels critères ? Il serait souhaitabl­e que David Rachline rende ces informatio­ns publiques, afin qu’on puisse s’assurer que ses obligés n’ont pas été les premiers servis. 1. Emmanuel Bonnemain a obtenu 18,49 % des voix le 15 mars dernier, devant la liste conduite par Laurence Fradj (12,99 %). 2. Le groupe HDI de la famille Barbero.

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(Photo archives Philippe Arnassan) Pour Emmanuel Bonnemain, la décision du maire « pose plus de questions qu’elle n’est censée en résoudre ».

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