Garde d’enfants : l’un des enjeux du déconfinement
Tous les enfants ne retrouveront pas les écoles dans une semaine. Le recours aux baby-sitters devrait fortement augmenter. À Fréjus, les professionnels se mettent en ordre de marche
Un dernier au revoir à maman au moment de la laisser partir travailler et voilà que le relais de la garde est pris par Yomna, masque devant la bouche. Même si beaucoup de Françaises et Français sont confinés chez eux, d’autres continuent de travailler. Et sans l’école, les associations sportives ou culturelles pour occuper les journées de leurs bouts de chou. Comme pour ces deux enfants, fils d’une infirmière libérale. À l’heure où la reprise du travail se profile, et où l’ouverture des écoles reste incertaine, la question de la garde d’enfants va se poser. Nisrine, la maman, n’a pas hésité une seule seconde : « Avec mes horaires décalés et parfois flexibles ou imprévus jusqu’à la veille au soir, j’ai trouvé le service qui me permettait de concilier les deux. Et même avant la crise où, par exemple, je devais couper ma tournée pour aller les chercher à l’école. »
Vers des gardes plus ponctuelles
Seules les activités proposées ont changé depuis le début de la crise sanitaire. « J’essaie de moins toucher les jouets, avoue Yomna. Et on fait plus d’activités à table, du dessin, etc. Avec le moins de contact possible. Pour les gestes barrières, on était déjà très vigilants avant. Mais ça devient presque un jeu avec les enfants maintenant. » Si la joie de vivre résonne dans la demeure, la situation des nourrices n’est pourtant pas aussi réjouissante. L’employeur de Yomna avoue avoir perdu 95 % des réservations au lendemain de l’annonce du recours au chômage partiel durant le confinement. Alors, même si le télétravail a été la règle pour tous, il avoue garder une petite activité pour ces professionnels obligés d’exercer hors de leur domicile, avec des gardes plus courtes dans la journée. « C’est arrivé et je suis sûr que ça se reproduira encore plus dans les semaines à venir, mais un parent seul avec un tout petit enfant ne peut le laisser sans surveillance quelques heures durant une réunion importante, même s’il la fait depuis chez lui », explique Davy Rodrigues, responsable de la franchise fréjusienne de Babychou Service EstVar et ses soixante salariés. Ça change des gardes en sortie d’école ou tout un après-midi, comme c’était le cas avant. Mais on s’adaptera au moment de la réelle reprise de l’activité. » Il note une augmentation du nombre d’appels depuis le début de semaine. La principale crainte des professionnels du secteur est le recours à des baby-sitters trouvés ici ou là sur les réseaux sociaux, moins chers mais sans forcément les mêmes références professionnelles.
Les aides de la Caf pour alléger le coût
Le gérant ne s’en cache pas, l’aspect financier pourrait être un frein pour les familles plus en difficulté, alors que ses prestations sont facturées entre 23 et 27 euros de l’heure, avant les aides de la Caf et le crédit d’impôt. Le recours à des professionnels agréés peut être facilité par diverses aides financières. C’est en tout cas l’objet de diverses requêtes déposées en amont du déconfinement par sa fédération référente. « Nous sommes persuadés que nous sommes un des enjeux de la reprise de l’activité », poursuit le responsable. Avant de quitter de son bureau et rentrer chez lui… garder ses propres enfants.