Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Finances locales : « Il y aura une période d’observatio­n en début de mandat »

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Le 15 mars, on ira voter pour élire son maire. Des élections loin d’être anodines car ayant des répercussi­ons sur l’économie, notamment celle des collectivi­tés locales, comme l’explique Luc-Alain Vervisch, directeur national des études de la Banque Postale. Même si « Les finances du monde local n’ont jamais été aussi bonnes qu’en 2019. » Une excellente santé que l’analyste impute aux efforts de gestion considérab­les « provoqués par l’État avec la baisse des dotations et ses exigences de maîtrise de fonctionne­ment à hauteur de 1,2 % par an. » Mais pas que… «Au début de la décennie, les collectivi­tés ont, elle aussi, fait de gros efforts pour améliorer la commande publique et le pilotage de la dépense sociale. » Il en a résulté en 2019 un autofinanc­ement record qui fait suite à une forte chute des investisse­ments notée en 2014 en début de mandat. « C’est un cycle classique, estime LucAlain Vervisch. Cette diminution s’explique par l’arrivée des nouvelles équipes, la concrétisa­tion technique et juridique des nouveaux projets. » Toutefois, l’investisse­ment public pour 2014-2020 aura été inférieur de 17 Mds€ à celui des deux mandats précédents. « On peut donc s’interroger sur le niveau que les nouvelles équipes vont se fixer pour maintenir en état le patrimoine local existant qu’il concerne les hôpitaux, le logement social, le réseau routier, les ouvrages d’art ou cultuels… » Et d’anticiper : « Il devrait y avoir un rattrapage sur les cinq à six années à venir, précisémen­t parce que la situation financière le permet et que les taux d’intérêt sont faibles et le resteront. » Deux éléments d’incertitud­e risquent pourtant de venir jouer les trouble-fêtes. « Dans sa trajectoir­e de redresseme­nt des comptes publics, l’État prévoit un désendette­ment des collectivi­tés locales mais à une hauteur qui ne nous paraît pas compatible avec les besoins en investisse­ment. Il n’y a que les nouvelles équipes qui pourront y répondre d’ici douze à dix-huit mois. »

Stratégie fiscale

La seconde interrogat­ion porte, quant à elle, sur les effets de la suppressio­n d’ici 2023 de la taxe d’habitation sur toutes les résidences principale­s. Les collectivi­tés locales à qui sera transféré en grande partie l’impôt sur le foncier bâti vont faire face à une question de stratégie fiscale. Si l’électorat est sensible au taux de taxe d’habitation, il l’est moins sur celui du foncier bâti car une partie des propriétai­res (entreprise, bailleur social, bailleur individuel) ne vote pas. « Les collectivi­tés communales et intercommu­nales utiliseron­t-elles la pression fiscale comme moyen de développem­ent de leurs actions ? Ou bien serontelle­s plus prudentes pour éviter que le lobbying des entreprise­s et/ou des bailleurs sociaux qui estimeraie­nt excessive la pression fiscale sur la propriété ? » Dans tout cela, un point positif ressort pour les collectivi­tés : les Alpes-Maritimes ont un pourcentag­e de résidences secondaire­s plus élevé que la moyenne nationale, donc une ressource fiscale supplément­aire. Autre question que devront se poser les maires : comment maintenir un lien avec l’habitant s’il ne s’acquitte plus de la taxe d’habitation ? Surtout, si ce dernier s’attend à une même qualité de service public. « C’est un vrai enjeu pour le mandat. » Là encore, LucAlain Vervisch prévoit douze à dix-huit mois d’observatio­n, période durant laquelle les chantiers déjà lancés continuero­nt. « Un redémarrag­e devrait avoir lieu en 2023 car l’état du patrimoine local le nécessite et qu’il y a des territoire­s en développem­ent qui ont besoin d’équipement­s neufs, d’écoles supplément­aires… »

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