Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Nice : « Ils étaient heureux de se payer un arbitre ! »

- PROPOS RECUEILLIS PAR PH. C.

Dimanche, l’arbitre a fini dans le camion des pompiers. Dylan Bayard a été roué de coups lors d’un match de U15 (moins de 15 ans) à Nice, entre l'USRVN (Usonac-SaintRoch-Vieux-Nice) et le Montet-Bornala. Touché à la tête et au dos, il a porté plainte. Depuis, l’entraîneur et les sept joueurs coupables de s’en être pris à l’arbitre ont été exclus par leur club (USRVN). Hier, sur BFMTV, Abderraham­ane Bekhouche, le coach, a dit regretter son geste et a présenté ses excuses à la victime. « C’est la fois de trop… » at-il soufflé. Les agresseurs devront également rendre des comptes à la justice, sans doute poursuivis pour violences volontaire­s aggravées. Dylan Bayard, lui, semble meurtrie par l’agression. Il témoigne.

Pourquoi le match a-t-il dégénéré ?

À un quart d’heure de la fin, je siffle un coup franc pour l’équipe de l'USRVN. C’est ça qui est dingue ! Mais un joueur de l’Usonac-Saint-RochVieux-Nice s’en prend alors à celui du Montet Bornala qui avait commis la faute. Des provocatio­ns, on passe vite aux actes. Pour calmer tout le monde, je mets un carton jaune aux deux joueurs. Là, l’entraîneur de l'USRVN disjoncte. Il m’insulte. Je m’apprête à lui demander d’arrêter quand il se rapproche de moi. Je le repousse. Et soudain, il me donne trois coups de poing sur le crâne. Dans mon dos, je ne vois pas ses joueurs arriver. Je suis roué de coups. Je tombe. Et je perds connaissan­ce quelques secondes.

La suite est aussi chaotique…

Je revois les dirigeants du Montet Bornala m’aider à me relever. Toute l’équipe de l'USRVN est déjà rentrée au vestiaire. J’attends les pompiers, la police. Mais au lieu de s’excuser l’entraîneur continue à m’insulter : «La prochaine fois que je te vois, je te nique ta mère. Et si tu portes plainte, je te retrouve et je te massacre ! » Voilà ses excuses… Ses joueurs, eux, rigolaient. Ils ne semblaient pas avoir conscience de ce qu’ils venaient de faire. Au contraire : ils étaient heureux de s’être payés un arbitre.

Les suites de l’affaire ?

Je suis en arrêt jusqu’au  mars. Je vais me reposer et attendre le verdict de la commission de discipline. Une plainte a été déposée. L’affaire n’est pas finie.

Êtes-vous prêt à pardonner ?

Je ne sais pas. Je n’en suis pas là…

Le club de l’USRVN vous a appelé ?

Oui, son président (Marius Borgomano) m’a téléphoné. Lui s’est excusé et il m’a dit avoir exclu l’entraîneur et tous les joueurs qui m’ont frappé.

Vous aviez déjà arbitré cette équipe ?

Oui. Et c’était déjà chaud. L’entraîneur avait passé son temps à contester. J’avais songé arrêter le match, mais pour les jeunes, qui aiment le foot, je ne l’avais pas fait.

Pas de nouvelles de l’entraîneur ?

Non. Pour moi, ce n’est pas un éducateur. Il a dit à la télé : il est le grand frère des joueurs. Alors quand il m’a agressé, ses petits frères l’ont imité.

C’est la première fois que vous êtes agressé sur un terrain ?

Oui. J’ai commencé à arbitrer à  ans, j’en ai  dans un mois, j’ai subi beaucoup d’agressions verbales, mais c’est la première fois qu’on s’en prend physiqueme­nt à moi. Une année, un joueur de La Trinité m’avait menacé d’une telle façon que son coach l’avait sorti par le col. Il l’avait ramené lui-même au vestiaire.

Les arbitres ne sont plus respectés ?

On se fait insulter par les joueurs, les entraîneur­s, le public. Et quelle que soit la catégorie, nos oreilles sont en danger…

Vous allez continuer à diriger des matchs ?

Oui. Aujourd’hui, je prends un peu de recul, mais je suis un passionné. Mon amour du foot est plus fort que tout.

Vous êtes traumatisé ?

Je l’avoue. Je pense à cette scène folle. Ça me hante.

Des cauchemars ?

Je ne peux pas faire des cauchemars, je ne dors plus. J’ai mal au dos, à la tête. C’est comme ça depuis dimanche.

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(Photo capture écran BFM) Agressé, dimanche au stade Méarelli à Nice, au cours d’un match de football U opposant l’USRVN au Montet-Bornala, Dylan Bayard témoigne et attend les suites de l’affaire.

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