La méditation fait son entrée à l’hôpital
Il y a une dizaine d’années, la méditation a fait timidement son entrée dans le milieu hospitalier en France. On a découvert les bienfaits de cette pratique sur les corps et les esprits des malades. « Même si cette pratique est millénaire, il a fallu attendre les études de neurosciences – et donc les preuves de son efficacité – pour qu’elle soit acceptée dans les milieux médicaux en même temps que se sont développés les soins de support », résume Mahalia Dalmasso, formatrice en secteur médico-social et instructrice MBSR (programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience). Elle collabore avec le Centre Antoine-Lacassagne et le CHU de Nice depuis des années, notamment en soutien au personnel, souvent épuisé et stressé. « Il y a globalement cinq portes d’entrée dans la maladie: la nutrition, le manque d’activité physique, l’isolement affectif, les perturbateurs endocriniens et le stress. Or la méditation est un moyen de lutter contre le stress», explique Mahalia Dalmasso.
Dompter ses ruminations
« L’esprit est sans arrêt en train de tourner, occupé par des pensées qui jouent avec les mécanismes de la peur. La dynamique psychique devient très envahissante. La méditation pleine conscience est le fruit d’un entraînement. Un peu comme une personne entraîne son corps à la salle de sport, l’objectif est ici d’entraîner son esprit, d’apprendre à l’apprivoiser pour que ces ruminations parasites ne prennent plus le dessus.» N’importe qui peut essayer, en étant encadré par un formateur. D’abord, il s’agit d’accueillir tout ce qui se présente, ne pas chercher à repousser les pensées mais plutôt essayer de ne plus enclencher les commentaires imprégnés de jugement que l’on s’adresse sans cesse (« ah, j’ai été nul lors de cette présentation », « zut, j’ai encore oublié de récupérer le courrier », «(ça, je n’y arriverai jamais », etc.). « L’esprit va apprendre à être emporté... à laisser glisser les commentaires négatifs. La pleine conscience, c’est accueillir ce qui se vit ici et maintenant : j’observe mes sensations, mes réactions et je fais avec.» En résumé, on ne lutte pas contre les mauvaises pensées mais on apprend à ne plus leur accorder l’importance qu’elles ne méritent pas. Mahalia Dalmasso travaille avec les malades mais également avec les soignants. Tous ont en commun l’impérieuse nécessité de devoir gérer un stress et une anxiété latents.