Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un militaire condamné pour homicide involontai­re

Un ingénieur militaire a été condamné hier à Toulon à trois ans de prison ferme pour avoir provoqué un accident mortel, de retour d’une « soirée de cohésion » trop arrosée

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Régis Ferron, 43 ans, a été condamné hier matin à trois ans de prison ferme pour sa responsabi­lité dans un accident mortel sur l’autoroute A57. Le tribunal correction­nel a également annulé son permis de conduire. L’ingénieur militaire comparaiss­ait libre, il a quitté le palais de justice de Toulon, menottes aux poignets, après que le tribunal a délivré un mandat de dépôt à la barre.

Le scénario du drame

Le samedi 18 juillet 2015, vers 4 heures du matin, une jeune automobili­ste inonde ses amis de messages. Roxane Brunerie, 23 ans, est « tétanisée »au volant de sa voiture arrêtée sur le « zébra » qui sépare les voies de l’A57 à hauteur de la sortie du Tombadou à Toulon-Est. Vraisembla­blement victime d’une crevaison, Roxane explique qu’elle ne parvient pas à redémarrer son véhicule. Elle a actionné les feux de détresse en attendant l’arrivée de deux amis, en route pour lui venir en aide. Dans le même temps, Régis Ferron est au volant de sa Peugeot 407. Moins de quarante kilomètres le séparent de son domicile à Néoules. Le cadre militaire, en poste à Cuers, rentre d’une soirée « de cohésion » très arrosée : whisky sur la plage de l’Ayguade à Hyères, bière dans un bar de nuit au Mourillon à Toulon… Roxane Brunerie, étudiante, employée de caisse à Carrefour pour financer sa passion pour l’équitation, est restée dans son véhicule. La peur l’a empêchée de sortir de la Clio pour se mettre à l’abri derrière des glissières de sécurité, en dépit des conseils de ses amis. Elle aussi revient d’une soirée : elle n’a pas bu d’alcool, n’a consommé ni drogue ni médicament. Régis Ferron, père de trois jeunes enfants, file à une vitesse estimée à 124 km/h sur une portion limitée à 90 km/h. Il double un véhicule par la droite et finit par changer brusquemen­t de voie. Le choc est violent. « Je ne dis pas que je ne l’ai pas vue, je dis que je n’ai pas le souvenir de l’avoir vue », chuchote-t-il devant ses juges.

La voiture s’embrase

La voiture de Roxane est projetée contre une balise verte qui fait office de tremplin. La voiture retombe sur le toit et s’immobilise 57 mètres plus loin. Le réservoir de carburant éclate et le véhicule s’embrase. « Une boule de feu », décrit-on. Roxane Brunerie, dont le sourire continue d’illuminer sa page Facebook, ne survit pas. L’alcoolémie de Régis Ferron est estimée à 2,14 g/l de sang. « Je vis avec la honte de ce que j’ai fait », relate-t-il trois ans plus tard, alors que le militaire a repris le cours de sa vie après quelques mois de détention provisoire : une mutation à Paris et même « des apéros entre amis » (avec modération, assure-t-il)… De quoi sidérer la mère et l’un des frères de la victime sur le banc des parties civiles. De quoi aussi pousser le procureur à réclamer six ans de prison. Reconnu coupable « d’homicide involontai­re», Régis Ferron a dix jours pour faire appel de cette condamnati­on.

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(Photo P. Bl.) L’accident s’est produit sur le « zébra » entre la sortie du Tombadou et l’A en direction de Hyères.

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