Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Fier d’honorer la mémoire du général De Lattre, plus de  ans après»

À l’occasion de la cérémonie organisée hier à St-Elme, François Grosso, ancien garde du corps du général De Lattre de Tassigny, partage ses souvenirs

- PROPOS RECUEILLIS PAR P. F.

Lors de la cérémonie commémorat­ive du Débarqueme­nt en Provence, qui s’est déroulée hier matin à Saint -Elme, était présent François Grosso, 93 ans, chevalier de la Légion d’honneur, qui fut garde du corps du général de Lattre de Tassigny de 1946 à 1947. « Je suis né au Cannet et arrivé à La Seyne à l’âge de 14 ans. Je me souviens bien de l’occupation allemande à La Seyne, ainsi du sabordage de la Flotte en 1942. Ce dernier fut, pour moi et mes copains, une tragédie et une surprise car nous pensions que les forts entourant Toulon et qui étaient servis par l’armée française, auraient défendu Toulon. C’est à ce moment-là que j’ai voulu me battre pour la France. Mais il m’a fallu attendre le Débarqueme­nt en Provence pour pouvoir m’engager. Je l’ai fait à Fréjus et, après mes classes, j’ai été envoyé fin 44 en Alsace où il faisait - 25°. Venant du sud de la France, ce fut un choc ! »

«La balle qui m’était destinée à tuer le gars derrière moi »

« J’ai été affecté au 1er Régiment de tirailleur­s marocains d’abord comme conducteur d’un camion GMC, puis d’une Jeep de reconnaiss­ance. C’est la que j’ai failli mourir, lors d’une reconnaiss­ance durant laquelle le lieutenant, assis à côté de moi, a été touché par une balle. Je me suis penché vers lui pour le secourir et la balle qui m’était destinée a tué le Marocain qui, derrière moi, armait la mitrailleu­se 12,7. Je suis le seul survivant de cette mission. Après l’Armistice, j’ai été muté comme conducteur au commandeme­nt du régiment où un officier m’a demandé mon permis de conduire. Il a été très surpris lorsque je lui ai répondu que je ne l’avais jamais passé ! Mais il a régularisé rapidement cette situation ! »

« De Lattre me reprochait ma tenue de tirailleur marocain »

« En 1946 ,j’ai rejoint l’état-major à Paris où j’ai été affecté au service du général De Lattre. Je garde de lui le souvenir d’un homme droit, près de ses hommes, mais rigoureux. Ainsi, régulièrem­ent, il me reprochait ma tenue de tirailleur marocain car, servant à l’état-major, je ne portais pas les bons insignes ! » « Toujours est-il qu’on l’amenait souvent à l’ambassade de l’Union Soviétique car il était très lié au maréchal Joukov. On le sait peu, mais Joukov a différé la signature de l’Armistice avec les Allemands afin que le général de Lattre soit présent. J’étais alors sergent et le général De Lattre voulait que j’aille à l’école des officiers, mais j’ai refusé et préféré me diriger vers une carrière civile, à l’EDF, car je venais de rencontrer mon épouse. Plus de 70 après, je suis fier de participer à cette commémorat­ion. »

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(Photo P. F.) François Grosso,  ans, toujours bon pied bon oeil !

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