Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des témoins privilégié­s racontent leur Cloclo

Vline, l’amie parolière : « À la fin de sa vie, il était devenu dingue »

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Belles, belles, belles, Si j’avais un marteau, Marche tout droit, C’est comme ça que l’on s’est aimé, etc, c’est elle ! Vline Buggy, auteure de plus de soixante-dix textes pour Claude mais également pour Sardou, Johnny ou Herbert Léonard et son tubesque Pour le plaisir. Jeune octogénair­e, elle a tout naturellem­ent baptisé de l’un de ses titres - J’y

pense et puis j’oublie - son ouvrage sur le vif-argent d’Ismaïlia, connu à ses tout

débuts alors qu’«il n’avait rien à bouffer». «Tellement de gens en parlent sans l’avoir connu que j’ai voulu raconter mon Claude ! Tous les deux nous avions des douleurs communes... La complicité a été immédiate même si lors de notre première rencontre, le jeune inconnu qu’il était m’a demandé sans sourciller de réécrire les paroles de ce qui allait devenir Belles, belles, belles », s’amuse Vline. Parolière de renom, elle est la fille de Géo Koger, disparu à Cannes en 1975 et qui signa les plus beaux titres de Tino Rossi, Maurice Chevalier ou Josephine Baker.

« Filles à poil » et lit aspergé d’eau bénite

Son affection indéfectib­le pour le chanteur, son sens de la générosité («Il faisait des cadeaux à tout le monde !»), ne l’empêchent pas de titiller son caractère au fil de la conversati­on. « France Gall en a bavé avec lui. Il était tellement jaloux. Un défaut terrible. Je crois aussi qu’il faisait payer à ses conquêtes le fait d’avoir été plaqué par sa première femme, (Janet Woollacott, épousée à Monaco en 1960, Ndlr) qui lui préféra Bécaud », analyse Vline qui jure qu’aucune substance n’expliquait de tels comporteme­nts. « Boire, fumer, se droguer... Jamais ! Il avait peur de ça et il brassait tellement d’affaires...».

Pourtant le vernis finira par se craqueler. Sans s’appesantir sur ses déboires avec les « jeunes filles », l’amie de toujours confesse : « Àlafindesa vie, il était devenu dingue. Des serveurs étaient en costume et gants blancs lorsqu’il recevait au Moulin. Il photograph­iait des filles à poil pour son magazine Absolu, aspergeait son lit d’eau bénite car il rêvait de lui mort... Malgré tout, il continuait à m’écouter... » observe Vline choquée à vie par cet accident du 11 mars 1978.

Applique de salle de bain : la vaine mise en garde...

Mon beau-frère s’était occupé de la décoration de son appartemen­t parisien. Il l’avait sermonné, “Claude, on ne met pas d’applique au-dessus de sa baignoire”... « Quand on vient d’Ismaïlia, si ! », lui avait-il répondu...». Un ange passe. Les collaborat­ions avec d’autres chanteurs se poursuivro­nt. Mais sans jamais retrouver cette complicité et susciter telle admiration. « Herbert Léonard que j’ai produit après la mort de Claude était plus beau, chantait mieux mais n’avait pas cette rage », conclut Buggy qui résida successive­ment à Vence puis aux Hauts-de-Cagnes avant de regagner Paris d’où ces jours-ci elle ne cesse de répondre, étonnée et enjouée à bientôt 89 ans, aux multiples sollicitat­ions médiatique­s.

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(Reproducti­on N.-M.) Avec Vline Buggy, une complicité jusqu’à la fin.
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de Vline Buggy. L’Archipel. 240 pages. 18 euros.
Claude François, J’y pense et puis j’oublie, de Vline Buggy. L’Archipel. 240 pages. 18 euros.

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