Prisons : négociations sous tension après une nouvelle agression en Corse
Deux gardiens de prison ont été blessés par un détenu signalé pour radicalisation peut-être aidé par des complices, hier matin dans le centre pénitentiaire de Borgo (Haute-Corse), alors que se poursuivaient à Paris les négociations entre syndicats et administration pénitentiaire, au quatrième jour du mouvement de mobilisation nationale des surveillants de prison. « Les négociations vont durer. L’essentiel est d’arriver à un accord solide», a-t-on assuré hier en début de soirée à la direction de l’administration pénitentiaire (DAP), notant des situations «extrêmement disparates » selon les régions et les établissements. 81 établissements ont été bloqués hier, selon une source à la direction de l’administration pénitentiaire, et le mouvement a eu un impact sur des extractions judiciaires ou les parloirs.
« Le dépôt de clés, c’est la mesure ultime»
Dans la matinée, des incidents avaient eu lieu à Fleury-Mérogis, contribuant déjà à tendre les discussions en cours: les forces de l’ordre ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient l’accès à la plus grande prison d’Europe (plus de 4 300 détenus). Le syndicat FO-Pénitentiaire, qui ne participe pas aux négociations avec la Chancellerie, a haussé le ton après l’agression de Borgo en appelant «à durcir» les modalités d’action et en particulier au « dépôt de clés» dans tous les établissements. Un « dépôt des clés »quiaété effectif hier, selon l’administration pénitentiaire, seulement à Borgo. « C’est quelque chose qui n’a pas été fait depuis plus de vingt ans. Le dépôt de clés, c’est la mesure ultime chez nous», a commenté Yoann Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire : « Les établissements sont à l’arrêt quand il y a dépôt de clés (...).» Les deux gardiens de Borgo, dont l’un a été plus gravement touché que l’autre, ont été transférés vers l’hôpital de Bastia où la garde des Sceaux Nicole Belloubet, qui a condamné dans un communiqué une agression « grave »et« intolérable », est arrivée vers 15 h 45. « Ils sont blessés extrêmement sérieusement », a déclaré la ministre après sa visite à l’hôpital, jugeant « très choquant et très émouvant » de leur parler. Elle s’est ensuite rendue à la prison de Borgo où elle s’est entretenue avec les organisations syndicales et le personnel avant d’être sifflée et huée par une centaine d’agents qui ont refusé de lui parler. Notant l’« émotion »etla« colère » des personnels, elle s’est engagée à «apporter des réponses »à tous les points qu’ils ont soulevés.