Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Emmanuel Macron: « Nous devons à nos morts un combat de chaque jour»

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

« Ne cherchons pas à cacher notre amertume, mais gardons-la comme une trace qui donne sens à nos combats. Nous nous battrons pour nos morts autant que nous les pleurerons. Le 14-Juillet nous a rappelé brutalemen­t le prix de la liberté. Nous savons ce qu’elle coûte. » C’est un discours compatissa­nt autant que volontaris­te et politique qu’a prononcé hier soir Emmanuel Macron place Masséna. Et s’il a volontiers reconnu que la République devait des comptes à ses enfants, on retiendra aussi qu’il a rendu un bref mais net hommage à la lutte contre le terrorisme menée par les gouverneme­nts précédents.

« Force et dignité »

« Chaque Français se souvient où il était le 14 juillet 2016. Chacun a ressenti dans sa chair l’immense douleur qui s’est abattue sur Nice. Le 15 juillet, la France s’est réveillée sidérée et meurtrie », a-t-il souligné en préambule. Puis il a dit sa reconnaiss­ance à tous ceux – policiers, pompiers, services de secours, de santé, fonctionna­ires ou anonymes – qui, « par leur force et leur dignité, leurs gestes de solidarité et de fraternité, ont fait que la vie a repris lentement et que la France a oublié le nom de cet anonyme meurtrier. Grâce à vous, l’humanité a pris le pas sur la barbarie. Vous, peuple de Nice, avez rendu à la France entière la force de redresser la tête. » Le président de la République a ensuite évoqué frontaleme­nt les polémiques sur la sécurité. « Il y a eu des reproches après l’attaque, la colère s’est concentrée sur la puissance publique et je comprends cette colère. Lorsque l’impensable se produit, on en cherche les causes et l’État doit regarder la vérité en face. Si la République était frappée de surdité, elle ne serait pas la République. »

« Je sais leur intégrité »

Pour autant, il a largement dédouané les gouvernant­s d’alors. « Je connais les dirigeants politiques qui ont pris en charge la situation, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Je sais leur intégrité et la manière dont ils ont inlassable­ment combattu le terrorisme. J’ai vu leurs succès et leur sidération le 14 juillet 2016. » Il poursuivai­t : « Je sais aussi la rage que beaucoup portent encore au creux de l’estomac. La douleur a fissuré la confiance indispensa­ble entre le pouvoir et les citoyens. Mais ces liens sont indestruct­ibles. Tout sera fait pour que la puissance publique regagne votre confiance et que cette épreuve, loin de nous diviser, nous rassemble. Je l’ai promis à votre maire, nous y arriverons et le visage que vous montrez aujourd’hui est celui d’une France réconcilié­e. L’État ne vous abandonner­a jamais, pas plus qu’il n’abandonner­a la recherche de la vérité. Il ne se soustraira jamais ni à son devoir de clarté, ni à son devoir de compassion. Je m’en porte ici garant. C’est pour cela que j’ai voulu être auprès de vous ce soir. » Pour finir, le chef de l’État a insisté sur la poursuite d’une lutte impitoyabl­e, mais lucide et plurielle, contre le terrorisme, en actionnant des leviers multiples.

« Lutte sans merci »

« Au-delà de ce moment de deuil et d’émotion, ce que je vous dois, c’est de poursuivre inlassable­ment la lutte contre le terrorisme. Vous avez répondu par votre dignité. Nous répondrons par la lutte sans merci, à l’intérieur comme à l’extérieur, contre le terrorisme. Nous devons à nos morts ce combat. Ce sera un combat de chaque jour, dont vous avez chacun une part de la charge. C’est le combat de la culture, de l’école, pour s’opposer à l’obscuranti­sme. C’est le combat économique et social pour que le fanatisme ne puisse plus croître sur le terreau de la misère. C’est un combat moral de civilisati­on. Nice a montré ce que peut la civilisati­on contre la barbarie. L’histoire de Nice, c’est l’ouverture. C’est pourquoi ce combat ne sera jamais un combat de la fermeture, du repli et de la bêtise. »

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(Photo Franck Fernandes) Le Président s’est exprimé durant un gros quart d’heure, hier soir sur la place Masséna.

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