Macron devant le Congrès: « une faute politique » pour l’opposition
« Faute politique », « humiliation », « il n’y a plus de Premier ministre », « franchissement de seuil »: l’opposition a jugé sévèrement, hier, la décision d’Emmanuel Macron de s’exprimer lundi devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, à la veille de la déclaration générale d’Edouard Philippe à l’Assemblée. Député de La République en marche (REM), Gilles Le Gendre a défendu la décision du chef de l’Etat.
La droite est sévère
« Chacun est à sa place: le président de la République a décidé de réunir le Congrès pour s’adresser à l’ensemble de la représentation parlementaire, probablement pour cadrer de façon stratégique la manière dont allait se dérouler ce début de quinquennat. Et le lendemain, le Premier ministre fera une déclaration de politique générale qui permettra de rentrer dans les détails », a déclaré le député de Paris sur Sud Radio et Public Sénat. Mais à droite, la critique est sévère. « Plus qu’une bizarrerie institutionnelle, c’est une faute politique », a jugé le député LR Guillaume Larrivé sur RFI. « Nous ne sommes pas dans un régime impérial où il s’agirait d’aller applaudir le nouveau prince qui s’exprimerait devant nous en toute irresponsabilité », s’est-il insurgé. Pour Eric Ciotti (LR), « iln’yaplusde Premier ministre », « totalement relégué dans un rôle subalterne ». Pour cet ancien soutien de Nicolas Sarkozy, «le rôle du Premier ministre a été de désintégrer, de désagréger la droite. (...) Pour le reste, il ne sert à rien », a-t-il dit sur RMC et BFMTV.
Les insoumis boycottent
« Nous nous rebellons et nous n’irons pas » à Versailles, a déclaré le président du groupe Jean-Luc Mélenchon lors d’un point de presse au Palais Bourbon, dénonçant un « franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle » et « envisageant » d’organiser un événement sur la place de République « pour faire notre déclaration devant le peuple ». Le président du groupe socialiste, Olivier Faure, avait de son côté dénoncé avant même l’officialisation de la convocation du Congrès cette « humiliation » du Premier ministre dont le rôle, de « collaborateur » sous Nicolas Sarkozy, deviendrait celui d’un « simple répétiteur » avec Emmanuel Macron.
Le FN plus nuancé
Député PS du Val-de-Marne, Luc Carvounas s’est montré plus mesuré ce jeudi. « Il ne va pas humilier le Premier ministre, on l’a déjà vu dans tous les quinquennats, le président de la République, c’est le patron ». Pour sa part, la présidente du FN et députée du Pas-de-Calais Marine Le Pen a estimé qu’elle n’avait « aucune raison » de ne pas se rendre à Versailles. « Jeveux écouter ce que le président a à dire, car il ne veut plus s’adresser aux journalistes qui ont une pensée trop complexe », a-t-elle grincé dans les couloirs du Palais Bourbon, en soulignant que « le discours du Premier ministre » mardi « perd de son intérêt ».