A Malte, l’Union européenne fait bloc face à Trump et s’engage à aider la Libye
Les dirigeants européens réunis, hier, en sommet à Malte ont fait bloc face au président américain Donald Trump et se sont engagés à aider la Libye à lutter contre les passeurs. Très dur ces derniers jours vis-à-vis du nouvel ordre mondial promu par Washington, le président du Conseil européen Donald Tusk a tiré à cette occasion deux conclusions: les relations avec les États-Unis restent «la plus haute priorité politique » de l’Union européenne (UE), mais la situation actuelle ne laisse « aucune autre option » à l’UE que de « regagner confiance en sa propre force». La volonté de discuter avec Washington est «la même», mais les dirigeants ont exprimé leur inquiétude «à propos de certaines décisions prises» ,de « certaines attitudes », a expliqué de son côté le Premier ministre maltais Joseph Muscat, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne. En pleine réflexion sur la signification du 60e anniversaire du Traité fondateur de Rome, dont la célébration est prévue pour fin mars, l’UE a pris le temps, hier, de s’interroger sur sa place dans le monde.
Hollande tacle Trump
Le président Trump « n’a pas à se mêler de ce qu’est la vie de l’Union européenne», s’est exclamé le chef de l’État français François Hollande à La Valette. Dans le même esprit, la chancelière allemande Angela Merkel a répété que l’Europe avait son destin entre ses mains. Prête à défendre ses valeurs de solidarité, l’UE s’est pourtant prêtée à un exercice d’équilibre difficile pour le principal sujet de ce sommet informel : tenter de fermer la route migratoire de Méditerranée centrale, de nouveau la principale porte d’entrée dans l’Union européenne pour les migrants clandestins.
Migrants libyens : « Briser le modèle économique »
Elle a affirmé dans une déclaration sa «détermination à agir dans le respect total des droits de l’homme, du droit international et des valeurs européennes», au moment même où elle se montre plutôt critique à l’égard de la politique migratoire prônée par Donald Trump. Les dirigeants européens ont fixé dix priorités, principalement à l’encontre de la Libye, d’où partent 90 % des migrants qui tentent de rejoindre l’Italie. Il s’agit de « briser le modèle économique » des passeurs, de sécuriser les frontières de ce pays ou encore d’assurer des conditions décentes aux migrants bloqués dans la région.