Juncker alerte sur un risque d’éclatement de l’UE
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a mis en garde hier les pays de l’Union européenne (UE) tentés de faire cavalier seul, alors que l’Union est en proie au doute après le Brexit. «Ceux qui pensent que c’est le moment de déconstruire l’Union européenne, de la mettre en pièce, de nous diviser, ont complètement tort », a lancé M. Juncker, lors d’une conférence donnée 25 ans après le sommet de Maastricht (lire cicontre). Selon lui, «sans l’UE», aucun pays membre n’est capable de peser dans le monde. Dans de nombreux pays, les eurosceptiques ont le vent en poupe, comme l’a notamment montré la décision des Britanniques de quitter l’Union, par référendum en juin dernier. Et les résultats des élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne l’an prochain sont attendus avec une certaine inquiétude, tant le populisme semble gagner du terrain.
Perte d’influence
Européen convaincu, le Luxembourgeois Juncker, qui est l’unique participant au sommet de Maastricht du 9 décembre 1991 encore actif en politique (il était alors ministre des Finances du Luxembourg), a énoncé ses arguments, pour balayer la vague de défiance à l’encontre de l’Union. Actuellement, «nous sommes une part importante de l’économie mondiale: 25% du Produit intérieur brut. Dans 10 ans, ce sera 15%. Dans 20 ans, aucun membre de l’UE tout seul ne sera membre du G7 », a-t-il prédit. Et «d’un point de vue démographique, nous ne sommes pas complètement
en train de disparaître, mais nous perdons du poids», a ajouté l’ex-Premier ministre du Grand duché. « Au début du XXe siècle, les Européens représentaient 20% de l’humanité, maintenant 5-7 %, et à la fin du [XXIe] siècle, 4% de 10milliards», a rappelé Jean-Claude Juncker, qui a fêté ses 62 ans hier. Il a également réprimandé les pays membres ayant brisé l’unité européenne lors de la crise des migrants l’an passé : «C’est quelque chose de nouveau. Pour la première fois dans l’histoire européenne d’après-guerre, certains pays membres n’ont pas appliqué les règles adoptées. [...] Cela va à l’encontre du principe de base que l’UE est un système basé sur des règles. Ce n’est plus le cas», a-t-il déploré.