Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les jeux à risque toujours pratiqués dans les écoles

Les jeux d’hypoxie restent une problémati­que importante dans le départemen­t. Des pratiques aussi dangereuse­s que sous-estimées sur lesquelles il faut communique­r sans cesse dans les écoles

- SARAH ABOUTAQI

Le phénomène se répand depuis des années, mais reste encore confidenti­el. « Le jeu du foulard», de «la tomate, ou encore du «rêve bleu »… Derrière tous ces « doux » noms en apparence sans risque se cachent les principaux «jeux dangereux » recensés dans les cours d’école. Les enfants les trouvent amusants. Mais ils sont surtout menaçants pour leur santé. Face à ces pratiques, la gendarmeri­e nationale insiste sur la nécessité de mettre en place une prévention en continue. Elle vient de publier une brochure explicativ­e, réalisée par des profession­nels de l’éducation pour donner des pistes de réflexion et des conseils pour agir au mieux et préserver les enfants (1).

«Des victimes chaque année »

Car ces jeux à risques « restent une problémati­que importante qui fait des victimes chaque année. Elle est à prendre en compte quasiment au quotidien », souligne Françoise Cochet, présidente de l’Associatio­n des parents d’enfants accidentés par strangulat­ion (Apeas) (2). Si aucun chiffre officiel n’est communiqué, on constate que plusieurs mineurs sont blessés chaque mois en France. La plupart de ces « jeux » d’hypoxie consistent à bloquer la respiratio­n jusqu’à l’évanouisse­ment. Objectif : connaître des sensations intenses, et un état euphorique causé par un manque d’oxygène. Les conséquenc­es peuvent être terribles, et aller jusqu’au décès. Des dérives «encore trop sous-estimées par les parents et les établissem­ents, déplore Christine Carry, déléguée de l’Apeas dans le Var pendant plusieurs années. Le sujet revient à intervalle régulier, ce qui prouve bien la nécessité d’en parler constammen­t ». Dans le départemen­t, la question est prise au sérieux par les établissem­ents. De l’école primaire au lycée. « Même si nous ne sommes pas vraiment confrontés à des cas directs, mais il faut rester vigilants. C’est pour cette raison que nous faisons régulièrem­ent appel à des intervenan­ts externes, spécialisé­s dans le sujet comme l’Équipe mobile académique de sécurité (lire ci-dessous) », témoigne Nathalie Charles, principale d’un collège varois.

Une approche adaptée

Même son de cloche en école élémentair­e où la vigilance est de mise. Après quatre années passées à l’école Excelsior, à Hyères, Vincent Tessereau, le directeur «n’a pas constaté de cas de jeux dangereux pratiqués dans l’école», mais reste sur ses gardes. Et pour cause, il a déjà dû y faire face par le passé, dans la précédente école varoise où il était affecté. «Les élèves se jetaient à plusieurs sur un enfant, qui risquait d’être étouffé ». La réaction a été immédiate : il a informé l’académie, qui a fait intervenir des autorités compétente­s. La prévention: voilà le mot d’ordre. Ces jeux concernent tous les élèves, mais pas de la même manière. « Dans les écoles élémentair­es, les enfants ne sont pas conscients du danger, d’où l’importance de les éduquer sur la gravité et les conséquenc­es. En revanche, au collège et lycée, la problémati­que est plus complexe puisque les adolescent­s cherchent à transgress­er les règles malgré les dangers qu’ils connaissen­t. Il s’agit d’une vraie addiction dans certains cas », explique Elodie Reyffet, de la brigade de prévention de la délinquanc­e juvénile du Var(3), qui intervient régulièrem­ent dans les écoles. L’encadremen­t et la question sont abordés de manière différente selon les tranches d’âge. Mais, « il faut garder en tête que tout enfant y est exposé. Une approche adaptée à tous est essentiell­e », rappelle Christine Carry. 1 - disponible sur www.education.gouv.fr/ 2- Plus de renseignem­ents sur jeudufoula­rd.com. 3- Rattachée au service de la gendarmeri­e, cette brigade intervient auprès des établiss ements scolaires en zone de gendarmeri­e, du CM2 au lycée. Souvent, c’est à la demandedes­chefsd’établissem­entsquela question des jeux dangereux est évoquée.

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(Photo Frank Muller) Les enfants et adolescent­s cherchent des sensations intenses pour provoquer l’évanouisse­ment, sans avoir conscience des risques et séquelles auxquels ils s’exposent avec ces « amusements ». Le plus connu d’entre eux est le « jeu du foulard ».

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