Var-Matin (La Seyne / Sanary)

J.-C. Cambadélis : « La droite n’a pas les réponses »

Le premier secrétaire national du Parti socialiste défend la méthode de gouverneme­nt de François Hollande et fustige les programmes jugés autoritair­es et datés de la droite

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

La primaire de la gauche aura donc lieu les 22 et 29 janvier. Reste à en affiner le casting. Arnaud Montebourg a décidé d’en être. François Hollande et Emmanuel Macron y participer­ont-ils également? Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, défend bec et ongles le bilan du Président sortant, dont il prépare à l’évidence la candidatur­e. Et il commence à taper sec sur les programmes et candidats de droite.

Arnaud Montebourg a décidé de participer à la primaire socialiste. C’est un soulagemen­t pour vous?

Oui, parce que cette primaire peut démarrer. Elle sera je pense un grand succès populaire et permettra de dégager le représenta­nt ou la représenta­nte de la gauche de gouverneme­nt.

En , , millions de Français y avaient pris part. L’objectif est d’en avoir autant en janvier ?

Si c’est possible, évidemment. Mais nous partons tardivemen­t. Même si nous mettons les bouchées doubles. Il nous avait fallu plus d’un an pour préparer la précédente, là nous n’avons que trois mois. Mais nous ferons tout pour qu’elle soit attractive, transparen­te et représenta­tive.

Il vous reste à convaincre Emmanuel Macron d’y participer…

C’est à lui de décider. Mais je conçois que ce soit pour lui compliqué, à partir du moment où il estime n’être ni de droite ni de gauche. Donc participer à une primaire de la gauche, même de gouverneme­nt, lui posera un problème.

En même temps, un premier tour de la présidenti­elle mettant aux prises Hollande, Macron et Mélenchon serait un suicide collectif pour la gauche…

Tout à fait. C’est pour cela que j’appelle au rassemblem­ent de l’ensemble de la gauche, car le programme de la droite est très à droite sur les questions d’identité et très libéral sur les questions sociales. Si demain la gauche était par malheur éliminée, nous aurions un pays très à droite avec des conséquenc­es sociales incalculab­les. Vous avez déclaré que l’avenir du PS était en jeu. N’est-il pas déjà mort, écartelé entre Macron et Mélenchon? Non. Pour l’instant, il y a un effet d’optique, dans la mesure où le candidat de la gauche de gouverneme­nt n’est pas encore connu. Le jour où nous aurons désigné notre candidat, tout le monde le soutiendra, toutes les nuances de rose seront là et ça changera le paysage.

La raison ne commande-t-elle pas à François Hollande, très impopulair­e, de renoncer, pour le bien du PS justement ?

La question du désamour sera posée à tout gouverneme­nt. Aujourd’hui, vous avez environ  % de citoyens pour le Front national,  % pour Les Républicai­ns et  à  % pour l’extrême gauche. Dans ces conditions, la popularité est très difficile à obtenir. Ceci étant, le débat doit porter non pas sur la popularité, mais sur la personne qui doit diriger la France dans les cinq années à venir et pour quoi faire. Et ça changera complèteme­nt la réflexion des Français lorsqu’ils auront devant eux un choix clair.

Si vous deviez exercer un droit d’inventaire, qu’est-ce qui a été raté et réussi durant ce quinquenna­t ?

Ce qui a marché, c’est le redresseme­nt du pays, sans être sanctionné par les marchés ni par une explosion sociale. La France a besoin d’un chemin équilibré pour se redresser, pas des oukases, des anathèmes et de l’exclusion. Cette touche-là, cette Hollande touch, qui est un sens de la mesure sur toutes les questions, a été mal perçue, mais elle est le seul moyen pour sortir la France de l’ornière.

‘‘ La Hollande touch, le sens de la mesure”

Vous tapez beaucoup sur Juppé en ce moment. Vous rêvez que Sarkozy gagne la primaire?

Moi je suis dans le ni-ni, ni Sarkozy ni Juppé. J’estime que Sarkozy est trop à droite pour la France, tandis que Juppé est nulle part et en même temps je le trouve trop à droite sur le social, mal préparé, daté et peu maîtrisé. Par rapport aux défis posés à la France, la droite n’a pas les réponses, ou quand elle les a, elles sont celles d’hier. Mais encore moins les hommes ou les femmes capables de s’inscrire dans ce juste équilibre qui est en revanche porté par François Hollande.

Vous avec vraiment le sentiment que plus on va approcher de la présidenti­elle, plus les Français vont prendre conscience de la radicalité des projets de la droite?

Oui. On va passer du jugement sur le moment au jugement sur le prochain quinquenna­t. A ce moment-là, les Français vont comparer les programmes. Or, pour des raisons internes à sa primaire, la droite a été très violemment à droite sur l’identité, et plus encore de manière incroyable sur les questions sociales. Elle a un programme autoritair­e, d’exclusions, d’inégalités. D’un seul coup, les Français vont se dire « Qui ? Pour quoi faire? ». Cela va modifier totalement la donne de la présidenti­elle.

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(Photo IP) Jean-Christophe Cambadélis : « François Hollande a redressé le pays, sans explosion sociale. »

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