Var-Matin (Grand Toulon)

Sarra Diabaté l’étoile montante

 Cette Dracénoise de 14 ans a commencé ce sport de combat il y a cinq ans seulement et a déjà atteint des hauteurs vertigineu­ses. Voici pourquoi.

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Vêtue de son dobok, Sarra Diabaté enchaîne les coups de pied dont elle seule a le secret pour le shooting photo. Mais le temps presse. Dans la foulée, la Dracénoise doit rentrer au Creps d’Aix-en-Provence (1), qu’elle a intégré en septembre dernier. Depuis cette date, Sarra Diabaté en a parcouru du chemin. Les championna­ts de France espoirs à Lyon, en janvier, puis les France seniors à Montpellie­r, le 17 février dernier, alors même qu’elle n’est âgée que de 14 ans. Et si elle a été sortie en quart dans la capitale des Gaules, sa médaille de bronze dans le Sud, en moins de 57 kg, est une sacrée performanc­e. Pour elle, c’est à ce jour sa compétitio­n de référence : « J’étais un peu stressée à l’arrivée là-bas car c’était mes premiers nationaux. Je ne suis pas allée au bout mais j’ai bien combattu. Au final, je considère cela comme ma meilleure performanc­e », développe la taekwondoï­ste, qui a aussi pris part aux internatio­naux à Manchester en 2023.

Aux sports de combat depuis l’âge de 2 ans

Revenons aux sources. Si Sarra est tant performant­e, elle le doit en partie à son père, Souleymane. « Au moment où je commence le taekwondo, j’ai 9 ans, mais mon père m’a mise dans les sports de combat très tôt. Ça a débuté par le judo, alors que j’avais deux ans et demi. Puis j’ai pratiqué le karaté, l’aïkido, et donc maintenant le taekwondo. » Une habilité pour le combat qui est donc innée, ou presque : «Il est vrai que le fait d’avoir toujours fait ce genre de sports m’a énormément aidé à vite progresser dans le taekwondo, et c’est un vrai plus », détaille celle qui est licenciée à la Team Sicot de Draguignan – qui s’étend aussi sur Saint-Raphaël et Lorgues. Son entraîneur, David, est le fils de l’illustre fondateur du club,

Jean-Pierre Sicot, renommé internatio­nalement. Mais il est surtout l’ancien sélectionn­eur du Maroc.

Trois heures d’efforts par jour

Un cadre propice à la progressio­n qui a permis ensuite à Sarra d’intégrer le Creps. De

deux sessions d’entraîneme­nt par semaine, elle est passée à cinq. « Tous les jours après les cours et les aides au devoir, on a 3 heures d’entraîneme­nt », explique l’intéressée. Et on ne peut pas dire que l’acclimatat­ion à cette vie en internat a pris du temps : « C’était un peu compliqué de jongler entre les cours, le taekwondo et la famille, surtout au début. Mais je m’y fais de plus en plus. On a de super entraîneur­s là-bas, et je sens que j’ai encore beaucoup gagné dans mon taekwondo. »

Ajoutez un peu de maturité dans l’état d’esprit, et les performanc­es de Sarra Diabaté ne vous surprendro­nt quasiment plus : « La clé, c’est la répétition du travail, le mental. »

Force est de constater que la recette fonctionne. Sarra Diabaté a remporté tous les championna­ts Paca depuis 2021, soit quatre années consécutiv­es.

D’autant plus que sa famille met tout en oeuvre pour que Sarra poursuive d’exprimer son art. « Nous nous sommes organisés en fonction d’elle. Quand elle a des compétitio­ns, sa mère, ses frères et soeurs et moi-même y allons. On la soutient partout », clame son père, Souleymane. Sa mère a même créé un compte TikTok sur les exploits de sa fille « sarrawa.tkd ».

« J’ai commencé le taekwondo à neuf ans mais mon père m’a mise dans les sports de combat très tôt. Ça a débuté avec le judo à deux ans et demi. [...] C’est un vrai plus »

Les JO de Los Angeles dans le viseur

Très lucide et pleine d’insoucianc­e, Sarra a déjà tracé son chemin mentalemen­t : « L’objectif, c’est d’intégrer l’Insep à Paris, puis de faire les JO 2028 à Los Angeles. » Rien que ça. Seul hic, le taekwondo n’est pas profession­nel. L’idée de voir Sarra vivre un jour de sa passion reste difficilem­ent concevable. « Il n’y a ni championna­ts interclubs, ni médiatisat­ion et donc, ni sponsor », déplore son père. Un avis qui rejoint celui de David Sicot, son entraîneur. Il regrettait dans nos colonnes, en 2018, « que les sports amateurs en France ne [soient] pas trop aidés. On ne gagne pas d’argent [en faisant du taekwondo] ». Qu’importe, l’étoile Sarra Diabaté compte bien monter le plus haut possible, jusqu’au firmament de son sport.

AURÉLIAN MARRE 1. Centre de ressources d’expertise et de performanc­e sportive pour le haut niveau. Il en existe 17 en France.

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Le 17 février dernier, Sarra Diabaté a décroché la médaille de bronze aux championna­ts de France, chez les seniors (- 57 kg), alors qu’elle n’est que cadette. Une sacrée performanc­e.

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