Var-Matin (Grand Toulon)

« Pourquoi rester en libéral dans ces conditions ? »

Lazhar Abdelaziz, vice-président du Syndicat national des infirmière­s et infirmiers libéraux du Var, annonce un sit-in, aujourd’hui, devant la CPAM à Toulon. Témoignage.

- GAUTIER GUIGON gguigon@nicematin.fr

L «a dernière fois que les infirmiers et infirmière­s libéraux se sont mobilisés à Toulon, c’était en 2015. C’est vous dire le ras-le-bol ! expose Lazhar Abdelaziz, vice-président du Syndicat national des infirmière­s et infirmiers libéraux du Var. Nous réclamons d’urgence la revalorisa­tion des actes médicaux infirmiers et de l’indemnité forfaitair­e de déplacemen­t, à cause du coût de l’essence.

Par exemple une perfusion, facturée 3,15 euros, n’a pas été revalorisé­e depuis 2009 ! On demande que ce soit augmenté de 20 % à 3,78 euros.

Nous dénonçons aussi les travers du système de forfait. En clair, le bilan de soins infirmiers (BSI) se divise en trois catégories, correspond­ant à des tarificati­ons : BSA (13 ), BSB (18,20 ) et BSC (28,70 ) qui a été diminué de 10 % ! Nous demandons que ce dernier soit au contraire remonté à 34 euros. La raison est simple, ce forfait implique de passer beaucoup plus de temps avec un patient, pour un suivi de soins ou des toilettes par exemple. Mais rémunéré à 28,70 euros et nécessitan­t deux ou trois visites dans la journée, ce n’est pas rentable.

Les infirmiers ne s’y retrouvent plus et refusent donc la prise en charge. Or ce sont précisémen­t ces patients lourds, qui sont les plus dépendants et ont le plus besoin de soins ! »

« De nombreux collègues ont cessé leur activité »

« Notre pouvoir d’achat baisse d’années en années. On subit l’inflation de plein fouet. Il y a urgence à renégocier les tarifs avec le ministère de la Santé et la Caisse nationale d’assurance maladie. C’est pourquoi on manifeste devant la CPAM pour faire passer ce message. Et ça ne s’arrêtera pas tant qu’on ne sera pas entendus.

Les applaudiss­ements pendant la Covid à 20 h c’était bien gentil, mais ça ne nourrit pas nos familles !

De nombreux collègues ont cessé leur activité en partant plus tôt que prévu à la retraite. D’autres infirmiers ou infirmière­s ont fait des reconversi­ons, parce que ce n’est plus tenable d’exercer ce métier sans considérat­ion.

En plus de notre charge de travail on n’a pas de congés payés, on doit gérer seul une patientèle, et sans jamais se mettre en arrêt maladie...

Et la différence financière entre le milieu hospitalie­r et libéral a fondu, donc certains se posent la question : à quoi bon rester infirmier libéral dans ces conditions ? »

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(Photo G. G.) Laetitia soigne l’orteil de Jacqueline, 88 ans.

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