Plainte pour faux et usage de faux contre les gendarmes de St-Tropez
Le requérant, condamné en mai dernier à 7 ans d’emprisonnement pour une série de cambriolages, affirme que les gendarmes ont manipulé des preuves l’incriminant.
MPaul Sollacaro ne e craint jamais d’aller au combat. Surtout pas face aux institutions. L’avocat pénaliste niçois, connu pour sa verve – ce qui a pu lui coûter quelques désagréments par le passé –, aime mettre les
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mains dans le cambouis et dénoncer haut et fort les vicissitudes de la justice et de certains services d’enquêtes.
Un informateur trop encombrant ?
Ce qu’il fait, une fois de plus, en relayant avec sa consoeur Julie Guichard la plainte déposée l’été dernier par leur client Artan Shala, condamné en mai 2023 à sept d’emprisonnement pour une série de cambriolages dans le golfe de Saint-Tropez (nos éditions précédentes).
Dans ce dossier d’association de malfaiteurs où, aux yeux du tribunal correctionnel de Draguignan, l’oncle Artan Shala ordonnait à son neveu Altek Gjergji de « visiter » de luxueuses villas tropéziennes, Paul Sollacaro en est persuadé : le quadragénaire a été manipulé par les gendarmes.
« À l’époque des faits, il est établi qu’Artan Shala était un informateur auprès de la compagnie de Gassin/SaintTropez, resitue l’avocat. Il les a guidés sur certaines enquêtes. Mais au fil du temps leurs rapports sont devenus tumultueux. Artan Shala devait les déranger et savoir certaines choses compromettantes. » Au point de voir les gendarmes monter un dossier à son encontre afin de mettre fin à cette collaboration ?
Bisbille autour d’un portable
Artan Shala en est convaincu. Selon lui, les militaires ont tout fait pour lui attribuer la paternité des actes de son neveu. Il en veut pour preuve un procès-verbal de saisie de son téléphone portable – « comportant plusieurs échanges prouvant les liens étroits entre les gendarmes et lui » précise Me Sollacaro – lors d’une fouille effectuée par les services enquêteurs à la maison d’arrêt de Draguignan dans la cellule d’Altek Gjergji.
« Or, que ce soit au moment de l’interpellation d’Altek Gjergji ou de son incarcération, aucun téléphone portable n’est mentionné, fulmine l’avocat. Ce procès-verbal est un faux. Depuis le début, Artan Shala certifie avoir donné volontairement son téléphone aux gendarmes en guise de bonne foi, pour leur montrer qu’il n’avait rien à voir dans cette affaire. »
« S’ils sont capables de ça... »
Pour Me Paul Sollacaro, ce
« maquillage » interroge.
« S’ils sont capables de ça, on peut se poser la question sur d’autres pratiques... Dans le cadre de la procédure, nos demandes d’expertises ont été systématiquement refusées. Et quand la restitution du téléphone a été ordonnée en correctionnelle, le parquet s’est empressé de déposer un appel incident. »
Selon l’avocat, le juge d’instruction en charge d’un dossier criminel en cours de règlement à l’encontre d’Artan Shala serait à l’origine de cet empressement à conserver le téléphone coûte que coûte. « Il ne veut pas que les échanges entre les gendarmes et lui soient versés à la procédure...»
Depuis le dépôt de plainte il y a six mois, Paul Sollacaro patiente. Et fulmine, comme à son habitude. « J’espère que l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale, Ndlr) a été saisie...»
En réponse, le parquet de Draguignan indique que «ce téléphone est une pièce d’un dossier non définitivement jugé puisqu’en cour d’appel, raison pour laquelle il ne peut être restitué. La plainte est en cours de traitement. »
Artan Shala sera jugé en appel à Aix-en-Provence dans les mois à venir. Et pourrait comparaître devant la cour d’assises du Var avant la fin de l’année. 1. Le 11 mars 2021, il avait été expulsé d’une audience correctionnelle à Aix-enProvence par les forces de l’ordre à la demande du président qui avait refusé sa demande de disjonction dans un dossier de trafic de stupéfiants.