Du pain sur la planche
Manque de réalisme, défense friable et difficultés dans l’alternance, le RCT n’a plus de temps à perdre, à une semaine de la reprise du Top 14. Pas de quoi, cependant, tirer la sonnette d’alarme.
Il y a un an, quasi-jour pour jour, lors de sa seule et unique rencontre de préparation, le RCT avait essuyé un cinglant 52-10. Un an plus tard, Toulon a perdu ses deux matchs, ses quatre mi-temps et pris 71 points (pour 42 marqués) face à Clermont puis Toulouse. Faut-il s’inquiéter ? Craindre un retard à l’allumage, alors que le Top 14 démarre samedi prochain (17 heures, réception de Bayonne) ? Ou simplement considérer que ces matchs à 35 joueurs ne doivent pas être les révélateurs d’un niveau de forme ?
« 70 points, ce n’est jamais bon », soufflait Franck Azéma, conscient que ces deux défaites n’apporteront pas le brin de confiance attendu lors de ces matchs de présaison. Pourtant, personne ne voulait céder au catastrophisme. À commencer par Benoît Paillaugue qui, à 34 ans, entame sa seizième saison professionnelle. «Onneva pas se mettre la tête au fond du seau alors qu’on n’a pas commencé, mais on aurait aimé gagner ces deux matchs, a-t-il admis. Maintenant, il faut travailler. Le plus important reste le 3 septembre. À nous de faire les efforts pour être prêts… »
La mêlée dominatrice
Car, s’il n’est pas de bilan définitif à tirer après deux rencontres amicales, où les équipes ne prennent jamais les trois points et se refusent au jeu d’occupation qu’elles retrouveront pourtant pendant vingt-six journées, il n’est cependant pas inintéressant de noter de premiers enseignements.
Et, de ces deux défaites, il serait inexact de considérer que le verre n’est qu’à moitié vide. Le RCT, par exemple, s’est illustré en mêlée fermée. En touche, si la première sortie face à Clermont était imprécise, la deuxième semblait bien plus prometteuse. L’autre point positif concerne la discipline. Complètement débordés face aux Auvergnats, les Rouge et Noir ont un peu réglé la mire face à Toulouse. «Ilyade l’amélioration au niveau de la zone plaqueur-plaqué. Puis on a réussi à moins être hors-jeu. C’est encourageant », notait Azéma.
Le réalisme dans les zones de marque
Les bons points distribués, le Catalan a ensuite abordé les phases de jeu que Toulon devra (très rapidement) améliorer. Avec un premier point noir : le réalisme. «On doit avoir 70 % de possession en première période et, dans l’occupation, on a dû passer un quart d’heure devant leur ligne sans scorer. C’est lié à la qualité de la défense, mais également à de la précipitation. » Comment les Rouge et Noir ont-ils pu à ce point tenir le ballon (ce qui n’avait pas été le cas face à Clermont) sans transformer ces occasions ? « On cherche des repères, des réponses à notre jeu. Je trouve qu’on manque un peu de rythme, surtout dans les zones de marque, grimaçait à son tour Paillaugue. On a fait de mauvais choix. Ou alors des petites passes nous font échapper le ballon. Il faut des mains dans les moments importants. » À son manager de reprendre : «Onaconnuun manque d’alternance main-pied. [...] L’alternance, c’est la charnière qui la réalise, mais c’est à l’équipe de faire remonter l’info à la charnière, afin qu’on trouve comment mettre la pression et déstabiliser la défense. Là, par moments, nous étions trop prévisibles. [...] On s’est trompé dans les choix et la réalisation. On laisse tomber des ballons, donc il faut trouver de la justesse, de la complémentarité...»
Se servir de « la frustration »
L’autre (gros) hic concerne – évidemment – la défense. Comment Clermont a pu inscrire quarante points (six essais) il y a quinze jours, avant que Toulouse, pourtant arc-bouté dans sa moitié de terrain, n’inscrive à son tour cinq essais, tous dans le jeu courant ? « C’est le point noir de ces deux matchs. On encaisse trop d’essais. Maintenant, c’est un nouveau système à appréhender, même pour ceux qui étaient là l’an passé. Mais c’est un axe de travail important » ,reconnaissait sans problème le demi de mêlée. Avant que son manager ne nuance : « Ce n’est pas ce qui m’affole le plus quand je vois comment on prend ces points. Il y a eu beaucoup de rotations, et c’est délicat de conserver de la consistance sur l’ensemble d’une partie. Il faudra mieux maîtriser nos possessions et monter nos curseurs contre Bayonne. Quand je dis ça, je parle d’agressivité, de défense et d’attaque. On n’est pas dans une situation de confort. Il y a de la frustration et de la nervosité. On doit aussi s’en servir pour attaquer le Top 14. »
Défense, réalisme et alternance seront donc les priorités des sept prochains jours au RCT Campus. Car si ces deux répétitions à balles réelles n’avaient pas d’impact sur la saison à venir, cette réception de Bayonne, en revanche, ne doit pas être manquée. Démarrer face à un promu, qui n’aura pas grand-chose à perdre sur la rade : aubaine pour se rassurer ou crainte d’un revers qui ferait, de fait, plus tâche, à l’aube d’une saison censée être celle qui permettra au RCT de retrouver les phases finales, après plus de quatre années de disette ? Réponse dans un peu plus d’une semaine.