Ces paradoxes de l’été
L’été n’est pas terminé mais il a déjà été le théâtre de quelques étonnants paradoxes.
■ Dérapages. Le karting accélère à Fresnes au moment où, en France, la Formule 1 se fait la belle. Faudra-t-il nommer Eric Dupond-Moretti à la direction du circuit du Castellet ? Pas sûr que cela suffise. Que l’on aime ou pas les bolides pétaradants, les Grands Prix font partie de l’histoire sportive du Vieux Continent depuis plus d’un siècle. Les nouveaux patrons de la F1 n’en ont cure. Représentants d’un capitalisme débridé, ils vendent leurs droits aux plus offrants : Arabie Saoudite, Miami, Las Vegas... Les Grands Prix de Belgique et de Monaco, sans doute le circuit le plus mythique, sont également sur la sellette. Payer toujours plus ou passer son tour.
■ Amish ou ennemis. En 2020, le président de la République balayait d’une formule féroce les inquiétudes face aux ondes de la 5G, ironisant sur le « modèle Amish » et le « retour à la lampe à huile ».
Deux ans plus tard, il décrète la « fin de l’abondance ». Friture sur la ligne.
■ Faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais. Le réchauffement climatique va nous amener à faire évoluer notre mode de vie. S’il semble irréaliste de vouloir limiter l’utilisation des avions d’affaires, leurs propriétaires ne peuvent continuer à les utiliser à tout bout de champ pour leurs loisirs. Plus de deux cents ans après la nuit du 4-Août, la question des privilèges n’a jamais été aussi brûlante. Les citoyens ne supportent plus que les riches, les politiques, les leaders d’opinion ne donnent pas l’exemple. À ce titre, le gouvernement, qui appelait depuis des semaines à la sobriété énergétique, a attendu le 26 juillet pour demander aux chauffeurs d’éteindre le moteur et la clim de leurs véhicules pendant le conseil des ministres. Nos élus locaux en ont-ils fait de même ?
■ Femmes, je vous haine. On pourrait parodier le titre d’une chanson de Julien Clerc si l’affaire n’était pas aussi grave. Privées d’accès à l’école, à l’emploi, interdites de sortir sauf en burqa, les Afghanes sont de nouveau sous le joug des fondamentalistes, un an après le retour des talibans. Pendant ce temps, le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle voulait autoriser le port du burkini dans les piscines municipales avant que le Conseil d’État n’annule la décision au début de l’été. Les Verts en plein naufrage idéologique.
■ Salman rugitencore. Les islamistes ne renoncent jamais. Trente ans après, Salman Rushdie a été rattrapé par la fatwa de l’ayatollah Khomeini. Mais une nouvelle fois, certains responsables du culte musulman ne se sont pas précipités pour condamner l’agression. Quelle que soit sa religion, on peut se dire choqué par des écrits, des dessins ou toute autre manifestation artistique qu’on estime blasphématoire. Mais de là à fermer les yeux sur une tentative d’assassinat...
■ Comme un malaise. Doctolib a suspendu de sa plateforme des naturopathes aux pratiques douteuses. Une sage décision. Mais la curée contre les médecines naturelles qui s’est ensuivie est inquiétante, alors même que les Français sont de plus en plus nombreux à les utiliser, souvent en complément de la médecine conventionnelle. À croire que celle-ci est un des derniers bastions à nier le droit à la différence.
« Faudra-t-il nommer Eric Dupond-Moretti à la direction du circuit du Castellet ? »