Une « tension inédite » pour la rentrée de Pap Ndiaye
En pleine pénurie de professeurs, le ministre de l’Éducation nationale a notamment annoncé hier un concours exceptionnel en 2023 pour titulariser des enseignants contractuels.
La rentrée avait eu lieu l’an dernier sous le sceau de la crise sanitaire. Cette année, c’est sous celui de la crise du recrutement des enseignants. « Le premier défi est d’assurer une rentrée réussie dans un contexte de tension inédite pour le recrutement des professeurs », a déclaré hier Pap Ndiaye, quelques jours avant le retour à l’école de 12 millions d’élèves, jeudi 1er septembre. La pénurie d’enseignants a conduit à l’embauche de « 3 000 contractuels », formés en quelques jours avant de se retrouver face à une classe. Face à cette crise majeure, le ministre a annoncé la création d’un concours exceptionnel pour la titularisation
« d’un certain nombre de ces enseignants » contractuels au printemps 2023. Il a assuré cependant qu’en dépit des
« difficultés », la situation était pour cette rentrée à ce stade
« comparable » à celle de l’année dernière.
« Créer un choc d’attractivité »
Signe de l’importance du sujet, Emmanuel Macron était intervenu la veille, lors de la réunion de rentrée des recteurs d’académies, pour détailler sa feuille de route.
Sur la question des rémunérations des professeurs, inférieures en France à la moyenne des pays de l’OCDE, le ministre de l’Éducation a répété hier la nécessité de « créer un choc d’attractivité qui permettra à l’Éducation nationale de recruter davantage de personnes grâce à des rémunérations initiales attractives », afin qu’aucun d’entre eux ne commence sa carrière «à moins de 2 000 euros net » par mois, à la rentrée 2023. La profession connaît en effet une crise d’attractivité sans précédent, avec plus de 4 000 postes non pourvus cette année aux concours enseignants dans le pays (sur 27 300 postes ouverts dans le public et le privé). Quant au nombre d’enseignants manquants à la rentrée, « les chiffres varient de jour en jour ». « Il y a encore des difficultés dans certaines disciplines, par exemple des disciplines de l’enseignement professionnel, qui sont les plus en concurrence avec le marché du travail, ou également dans certaines disciplines comme les langues vivantes ou les lettres classiques, la physique-chimie », a-t-il dit, sans donner de chiffres. Côté primaire (maternelle et élémentaire), «il y a moins de difficultés et ces difficultés sont pratiquement résolues ». Les inquiétudes sont vives du côté des syndicats, qui prévoient une rentrée sous tension. Le syndicat enseignant SE-Unsa a cependant salué l’annonce par le ministre d’un concours de titularisation pour les contractuels, « une mesure positive », mais qui doit selon lui « être travaillée rapidement afin de bien atteindre son objectif ». La CGT Educ’action a aussi jugé que cette annonce « peut être positive, si les conditions d’accès et le nombre de places offertes permettent une réelle baisse de la précarité ».
Le chantier du lycée professionnel
Le ministre a par ailleurs fait part de sa volonté de mener « un travail en profondeur sur le collège afin d’en faire un lieu où tous les élèves progressent ». Il a dit vouloir engager « à partir de cet automne la réflexion avec les instances concernées » . Il a également souligné sa volonté d’un « renforcement de la mixité sociale dans les établissements scolaires » ,etestimé qu’il ne fallait « pas s’interdire de retoucher à la carte de l’éducation prioritaire ». Autre chantier à venir pour Pap Ndiaye : Emmanuel Macron veut « réarrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail », y développer « les temps de stage d’au moins 50 % », mieux les rémunérer, et recruter plus de professeurs issus du monde professionnel.