Quel bilan pour le premier été des coffres d’amarrage ?
De drôles de soucoupes flottantes. Les aliens auraientils choisi la Côte d’Azur pour passer leurs vacances ? Depuis un mois, six installations signées Donia Mooring ont fait leur apparition non loin des côtes entre Beaulieu, Èze, Antibes, Golfe-Juan et Cannes. Un système permettant aux yachts de 24 à 70 mètres de mouiller dans ces zones qui leur sont normalement interdites (1), car riches en posidonies. Le principe ? Un coffre d’amarrage pour qu’aucune ancre, qu’aucune chaîne, ne vienne détruire les fonds. Fallait y penser, oui. Une manière de ménager la chèvre et le chou, en montrant qu’il n’est pas nécessaire de mener une guerre sans merci au monde du nautisme pour se positionner en protecteur de la Méditerranée.
« Ce n’est pas la ruée »
« Il y avait une vraie demande des capitaines », indique Pierre Descamp, créateur de la solution au verrouillage breveté. Mais que se passet-il depuis qu’on est passé de la théorie à la pratique ? Soulagé, il sourit : «Iln’yaeu aucun problème technique ! » Solide, donc. Pour autant, l’inventeur nuance : « Notre bouée fonctionne en ce qui concerne les efforts d’un yacht de 70 mètres par vent modéré. Ce n’est pas un amarrage pour se mettre à l’abri en cas de tempête. »
Un aménagement de plaisance, pour profiter d’un cadre que le monde entier veut admirer. Du coup, le succès est-il au rendezvous ? « Je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas la ruée. Mais il est vrai que celle de l’île Sainte-Marguerite est la plus plébiscitée », concède humblement le biologiste marin : « C’est une première, les équipages ne connaissent pas encore notre système. On a des efforts à faire en termes de communication. » Parce que tout passe par une application : les capitaines doivent faire une réservation pour permettre au navire de s’amarrer. Un changement dans les habitudes, qui semble prendre surtout auprès de la jeune génération : «On se rend compte que ce sont plutôt des équipages jeunes qui font confiance à la technologie. » Il faut dire qu’ici, il n’y a pas de corps-mort .
(2) Un dispositif pensé et inventé en France : le châssis vient de Montpellier, le coffre-fort de Bretagne, les lignes de Toulon, les études de calcul de Nantes…
1,5 million d’euros pour 15 coffres
Un boulot signé Andromède. Pour un investissement de taille. Car les fonds de cette opération sont intégralement privés. 100 000 euros par coffre, soit 1,5 million d’euros au total. Avec l’idée de pouvoir, à terme, réinjecter les sommes reçues – à raison de 600 à 1 000 euros par jour de location – dans la restauration d’herbiers de posidonie. Mais d’ici là, ce sont neuf autres coffres qui vont émerger avant la saison prochaine, dans les mêmes secteurs pionniers. Et plus loin ? « Effectivement on envisage de développer dans un autre temps cette solution du côté du Var et même plus loin… Comme SaintBarth’ (dans les Antilles) ou Portofino (en Italie), par exemple. » Soit les paradis estivaux qui s’affichent en long et en large sur les réseaux sociaux : « C’est beau, oui. Mais c’est autre chose quand on y plonge… »
1. Arrêté de 2020 interdisant le mouillage des bateaux dépassant les 20 ou 24 mètres.
2. Dalle de béton ou autre objet de poids important posé sur le fond marin et auquel une bouée est reliée.