Plus que 20 ans de patience pour une place dans le port !
Dans la catégorie la plus demandée, le temps d’attente a été divisé par deux ! Hier, il fallait attendre quatre décennies avant d’espérer amarrer son bateau dans le bassin public. Explications…
Un véritable tour de passeplace. Alors que le plus ancien plaisancier attendait son tour depuis 41 ans, le temps d’attente pour un anneau en contrat annuel dans le port public de Bandol a été réduit de moitié ! « Dans la catégorie la plus demandée, pour des bateaux de 10 à 13 mètres, quinze postes ont été octroyés lors des dernières réunions de la commission d’attribution en mai 2021 et mai 2022, indique Philippe Rocheteau, PDG de la Sogeba, société gestionnaire du port. Nous avons essayé de répondre aux demandes les plus anciennes ».
Le plus vieil inscrit sur la liste d’attente de 550 personnes, qui attendait son tour depuis son inscription en 1981, était numéro un depuis des années.
Comme le veut la procédure, il avait patiemment renouvelé sa demande tous les ans par lettre recommandée et vient de faire un grand bond en avant dans le temps. Il a gagné 10 ans d’attente et (comme tous les inscrits entre 1981 et 2001) obtenu la place qu’il convoitait de longue date.
Haro sur les « bateaux ventouses »
« Nous avons pris toutes les précautions pour lui annoncer la bonne nouvelle, sourit Philippe Rocheteau. Mais, contre toute attente, et comme trois autres plaisanciers, il a finalement refusé la place en nous disant que c’était trop tôt et que son bateau de 12 mètres était très bien dans le port de Porquerolles. La temporalité correspond parfois à des projets de retraite. D’autres n’y croyaient tellement plus qu’ils se sont sentis pris de court et n’étaient pas prêts ! »
Pour arriver à ce résultat, dès sa prise de fonction en 2017, le président du port et ses équipes, poursuivant l’objectif de libérer des postes, ont joué sur deux axes. D’abord, pratique courante mais illégale, les transferts successoraux de contrats ont été interdits en 2017 après le recours d’un plaisancier sur liste d’attente qui s’estimait lésé. « Depuis, plusieurs membres d’une même famille individualisent leur inscription en prévision », note Philippe Rocheteau. Dans le même temps, une chasse aux « bateaux ventouses », abandonnés par leur propriétaire, souvent à l’état de ruine ou en fin de vie et qui ne sortent plus dans le port a été déclarée. Elle a été pour le moins fructueuse. « Pour l’instant, nous en avons fait détruire cinq, calcule Xavier Gautier, directeur administratif et financier du port, superviseur de la liste d’attente. Un sixième est parti ce matin à la déconstruction ».
Assez longue, la procédure subventionnée est gratuite depuis deux ans pour le propriétaire du bateau.
D’autres attributions après les travaux
« La procédure passe parfois par une autorisation préfectorale, dont nous sommes encore en attente pour récupérer la propriété de cinq autres bateaux. Par exemple, ceux pour lesquels une succession n’a pas été débouclée », détaille le directeur. Cette libération de postes intervient dans le contexte de futurs travaux d’envergure, qui débuteront l’année prochaine dans le bassin et qui nécessiteront le transfert de bateaux sur les pannes. « C’est pourquoi nous sommes obligés de garder libre un pool de postes en prévision. Mais, à la fin des travaux, il y aura une grosse cession d’attribution, annonce Philippe Rocheteau. Même si, dans l’absolu, 20 ans d’attente, cela reste une durée très longue. Si on remplaçait le stade Deferrari par un bassin, comme certains élus y ont un temps pensé, on le remplirait sans problème ».
Le port de plaisance de Bandol – le quatrième du bassin méditerranéen et le neuvième français – est doté de 1 600 postes, dont un peu moins de 800 sont attribués en contrat annuel au port public aux bateaux de 6 à 40 mètres.