Var-Matin (Grand Toulon)

« Il faut que la production soit au niveau »

Questions à Didier Tarizzo, président de l’Union des cinémas du Sud de la France

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Le CNC parle de -30 %…

C’est une indication générale. On retrouve des établissem­ents à -35 et -45 % également. Ceux qui ont le plus souffert sont ceux qui ont vu un autre cinéma se créer dans un périmètre proche. Là, on est sur du -38 %, -40 %.

Les « nouveaux » font face à plus de difficulté­s, selon vous ?

C’est difficile de trouver un nouveau public. Tout le monde vit avec la clientèle qui est restée fidèle au cinéma. On dit qu’il faut trois ans pour s’installer, mais dans ce contexte, avec les

300 jours de fermeture, l’interdicti­on de vente de confiserie­s, le pass sanitaire… C’est beaucoup plus complexe. Ce n’est que depuis mi-mars 2022 que nous sommes libres de toute contrainte : vous ne relancez pas la machine comme ça, les gens ont perdu l’habitude d’aller au cinéma.

Il n’y a pas que de la baisse continue sur ces huit mois, si ? Effectivem­ent, cela dépend de l’affiche. Il y a des mois moins compliqués. On a eu un joli mois de juin, juillet n’est pas catastroph­ique, notamment grâce à la Fête du cinéma. Mais il faut aussi voir qu’en 2019, l’événement a pris place en partie sur juin.

On a eu notamment Le Roi Lion qui avait très bien fonctionné. Donc quand on compare mois à mois, cela peut être trompeur.

Qu’attendez-vous dans les mois à venir ?

En 2023, on fera -20 %.

Ce ne sera pas immédiat de retrouver les chiffres de 2019. On va également souffrir de la Coupe du monde de football [en novembre et décembre, Ndlr],

les gens viendront moins.

Comment reconquéri­r le public ?

Notre problème vient du décalage des sorties de film depuis la crise sanitaire. Avant, vous aviez un blockbuste­r toutes les trois semaines. Ça, c’est fini. Et ce déséquilib­re avait déjà commencé plus tôt, il y a trois ans, lorsque les scénariste­s ont fait grève aux États-Unis. Je vous passe la Covid et ceux qui sortent en même temps leur film sur Internet et au cinéma.

On résume : perte de l’habitude, la peur de certains de revenir dans des salles closes, et peu de films qui génèrent des entrées.

C’est ça. On ne fait pas l’été [seulement] avec Top Gun. Mais après tous ces nuages, et un automne compliqué, on va avoir Avatar 2 en décembre et, surtout, une belle année 2023.

Il faut du spectacle, donc ?

Oui ! On attend Les Trois Mousquetai­res en deux parties,

Astérix et Obélix, Aquaman 2…

D’ici là, on va pouvoir dresser un réel constat : est-ce qu’on a perdu beaucoup de spectateur­s ?

[Silence] Mais vous savez ce qu’il faudrait faire ?

Non ?

Stopper le piratage. En France, on a tous les outils pour. Mais les sanctions ne suivent pas.

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