Présidentielle : instincts primaires
« Même si les candidats résistent à la tentation de dézinguer leurs petits camarades, les chausse-trappes sont multiples »
. Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin, le député azuréen Éric Ciotti et Denis Payre. Xavier Bertrand refuse de passer par une primaire. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont renoncé à se présenter, tandis que le maire de Cannes David Lisnard laisse planer le doute sur ses intentions.
Si ce n’est pas le pire des scénarii pour la droite, ça y ressemble bigrement ! Après avoir fait la course en tête pendant trois mois, Xavier Bertrand est désormais talonné par Valérie Pécresse. Le président des Hauts-de-Seine espérait plier le match en frôlant les % d’intentions de vote à la rentrée ; le dernier sondage Harris Interactive ne le crédite que de %. À peine deux points de mieux que sa concurrente. Pourquoi est-ce grave ? Parce que les cinq candidats déclarés à la primaire de la droite et du centre () auraient pu, sans déchoir, s’incliner devant un champion plébiscité par l’opinion. Mais devant un prétendant en perte de vitesse, impossible ! Il faudra donc en passer par ce fameux « scrutin de départage » dont personne ne veut. Le plus mauvais des systèmes, confessait son promoteur Jean Leonetti, à l’exclusion de tous les autres.
Un piège dans lequel les édiles Républicains s’enferrent inexorablement. Même si les candidats évitent la « vaisselle cassée » redoutée par Éric Ciotti, même s’ils résistent à la tentation de dézinguer leurs petits camarades, les chausse-trappes sont multiples. Le premier, c’est la radicalisation des propositions. Pour être choisi par ses pairs, il faut séduire son coeur de cible. Exit les centristes : les discours des « candidats à la candidature » visent clairement les électeurs de droite. L’immigration et l’insécurité reviennent en boucle – loin devant l’économie, le chômage ou la santé.
Le danger, comme en , est que le porte-drapeau investi par les militants ne séduise pas la majorité des Français. L’autre danger d’une primaire, c’est de donner le sentiment qu’on perd son temps en chicaneries politiciennes. Emmanuel Macron a perçu cette fragilité. Son road-trip marseillais peut se décrypter à cette aune : « Pendant que vous discutez, moi j’agis ! » Carnet de chèques et volontarisme en bataille. Et c’est ainsi qu’un Président mal-aimé, conspué par la rue et critiqué dans les salons, se met en position de décrocher un nouveau mandat de cinq ans.