Alain Bernard : « Ma mère n’est pas la seule victime »
Le champion olympique alerte : sa maman fait partie des patients opérés par un chirurgien soupçonné d’avoir testé un protocole sans les avoir prévenus. Il lance un appel aux victimes
Le besoin d’agir face à la souffrance d’un être cher. Voici le moteur de l’action menée par le champion olympique Alain Bernard. Depuis Antibes, le nageur monte au créneau pour alerter l’opinion publique sur le quotidien de sa mère, Eliane. Le 9 janvier 2017, elle passe au bloc pour une hernie discale à Gap. Quelques heures après elle ressort au bras de son fils : « C’était très étrange mais on l’a laissée partir en marchant. »
« Sans son accord »
Les mois passant, sa maman se trouve accablée de douleurs. Cette fois-ci, elle est opérée dans l’Hérault. « Elle a eu une prise en charge globale à la suite de cela, avec de la rééducation », indique le sportif qui, aujourd’hui, s’inquiète de l’état de santé de celle qui lui a donné la vie. « Elle éprouve des difficultés à se mouvoir, à se lever, à marcher… » Ce qui a fait de nouveau basculer la vie de celle qui ne souhaitait que s’épanouir en famille dans les Hautes-Alpes ? « On a été informés par un lanceur d’alerte – le chef de service dans lequel elle a été opérée à Gap – qu’elle aurait subi une cimentoplastie discale. » Sauf que sa maman assure : elle n’aurait jamais donné son aval pour un tel acte médical considéré comme une « nouvelle technique chirurgicale ». Le chirurgien du dos en question se trouve, aujourd’hui, suspecté d’avoir testé un protocole sans prévenir ses patients. Suspendu par les autorités médicales, le spécialiste fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le procureur de Gap.
Neuf plaintes
Pourquoi médiatiser cette affaire ? Pour élargir les rangs du collectif, vice-présidé par sa soeur Christine, pour engager des poursuites : « Nous invitons les victimes à se faire connaître en nous adressant un mail. »Parallèlement, une cagnotte Leetchi a été créée afin que les raisons financières ne soient pas un frein à cette démarche pour les intéressés : « Une expertise est nécessaire et coûte 3 000 euros. C’est une somme conséquente à ajouter aux frais d’avocat. Ce n’est pas rien. » Et si le corps trinque, le moral aussi : « Certaines personnes ont même perdu leur travail à la suite de cette opération. C’est quelque chose de terrible. » Aujourd’hui, neuf plaintes sont connues : « Si certaines personnes ont sûrement supporté cette pratique ou été mis au courant, ce n’est pas le cas de ma mère. Et je sais qu’elle n’est pas la seule. »