À Monaco, elle publie des photos de son ex nu pour se venger
Une fois le bon temps du bonheur de couple passé, la vengeance est un plat qui se partage de plus en plus, avec pour tribune les réseaux sociaux. L’affaire d’usurpation d’identité et d’atteinte à la vie privée évoquée devant le tribunal correctionnel a mis en exergue le différend de deux amants déçus de l’expérience concubinaire. Que restait-il de cette idylle de dix-huit mois entre la prévenue et le plaignant ? De la haine, de la colère, des répercussions désagréables sur leur vie privée respective et une quinquagénaire suédoise qui a très mal digéré la rupture… Les tiraillements et contrevérités de part et d’autre ont occupé une bonne partie de la matinée et conduit au comble de l’exaspération les magistrats.
De très mauvaise foi à la barre, cette femme, assez autoritaire, avait décidé de tourmenter son excompagnon pour avoir mis fin à leur relation sans ménagement. Entre les mois de février et novembre 2019, cette Scandinave avait ainsi posté sur Facebook des photos intimes, explicites, de son examant à côté de sa nouvelle conquête dénudée.
« Son analyse n’a aucun sens »
Elle publiait aussi sur Internet la mise en vente, à des prix défiant toute concurrence, de deux appartements propriétés du plaignant, dont un est situé à Cap-d’Ail et estimé à 700 000 euros. Des clichés de tableaux volés dans l’appartement sont également publiés sur Instagram. Le président Florestan Bellinzona a toutes les peines du monde pour obtenir la vérité sur les faits et canaliser la prévenue. Impérieuse, elle a tergiversé sur l’ensemble des points du dossier avec une manie d’ergoter à chaque remarque. Pourtant son langage trompeur est mis à mal par les parties civiles. L’ex-concubin la soupçonne d’avoir soustrait frauduleusement un support numérique dans son coffre-fort et d’utiliser les actes notariés volés pour divulguer autant d’informations sur un site de ventes en ligne.
Son conseil, Me Arnaud Cheynut, a perçu dans ces infractions « tout le mal souhaité à mon client et à cette autre femme qu’elle considère comme une rivale. Les images intimes, transmises dans le cercle d’amis de Monsieur sans son consentement, ont été source de désagréments. La prévenue se dit victime d’un stratagème : ce n’est pas crédible. Son analyse n’a aucun sens. Le préjudice moral s’élève à 3 000 euros. » L’autre victime est abasourdie par toutes les manoeuvres emmanchées pour lui nuire. « Elle a également vendu mes affaires qui étaient restées chez Monsieur. Je réclame la somme de 7 743 euros pour tous préjudices. »
« On est en pleine science-fiction »
La prévenue demeure inflexible. Elle a réfuté tous les vols reprochés. Quant aux images intimes, elle les a bien reçues sur son smartphone. Mais parce que son ancien ami « a piraté le portable de mon fils afin de me faire porter la responsabilité des envois. » Les annonces de vente des appartements ? « C’était pour l’embêter et attirer son attention sur ma situation. Je suis autoentrepreneur au chômage… »
À l’heure des réquisitions, le premier substitut Cyrielle Colle note à ce sujet que l’ancien compagnon a reçu plus de cent vingt appels pour acheter les appartements, tellement le prix mentionné était intéressant ! « Sur la potentielle volonté de hacker le téléphone, on est en pleine science-fiction pour nuire aux personnalités des deux victimes. La prévenue refuse de reconnaître sa responsabilité. Aucun mot d’excuse ! Sanctionnez ce comportement. Une peine d’amende n’est pas suffisante. Huit jours de prison avec sursis pour prendre conscience… »
Le tribunal s’est cantonné à une peine d’amende de 10 000 euros, avec le versement respectif des sommes de 4 000 et 2 000 euros pour les parties civiles.