Var-Matin (Grand Toulon)

Elle « croque » le notes bleues du jazz

En quelques coups de pinceau à l’encre de Chine, Lili le Gouvello capture le swing et le blues des artistes invités au festival Jazz à Porqueroll­es. Un album est en cours de finalisati­on.

- S. M.

Lili le Gouvello est une fervente amoureuse du jazz. « C’est une musique vraiment vivante. Chaque soir, dans les clubs et les festivals, les artistes sont capables de jouer une interpréta­tion différente du même morceau, s’enthousias­me-t-elle. C’est une musique intemporel­le, on pourra toujours écouter Ray Charles, Monk ou Coltrane. Ce sont les classiques de la musique américaine. » Elle enchaîne : « J’ai toujours aimé danser, le swing et le blues sont parfaits pour ça. Et pour une femme seule, un club de jazz est un lieu où on est protégée, jamais embêtée, car tout le monde est relié à la musique. »

Voleuse d’instants

Carnet en main, elle se fait un bonheur de capter ces instants de vie, au festival Jazz à Porqueroll­es ou aux Antilles. Au plus proche de la scène pour capter les émotions, elle travaille un peu cachée pour ne pas gêner les musiciens, à la manière d’un photograph­e. Voleuse d’instants.

Lili le Gouvello est bénévole à Jazz à Porqueroll­es depuis 2017. Membre du catering, elle ne rechigne pas à éplucher les légumes en cuisine avec la chef cuistot Cathy pour une centaine de personnes, bénévoles et musiciens. Mais ce qu’elle préfère, c’est croquer. Humer l’atmosphère et la retranscri­re en chronique dessinée dans « Tapage jazz », le flyer du festival.

« Jazz à Porqueroll­es est un festival très intime dans un cadre fantastiqu­e : les concerts au fort Sainte-Agathe, les apéros swing, les after dans les cafés du village. J’en profite encore plus quand je dors sur place, sur un bateau en général », avoue-t-elle. L’artiste utilise un stylo pinceau imbibé d’encre de Chine, normalemen­t employé pour la calligraph­ie japonaise. Cet outil lui permet de dessiner très vite : « Je me mets dans le tempo de l’instant qui est en train de se dérouler, dit-elle. À ces moments, mes mains sont plus intelligen­tes que mon cerveau. Le trait est intuitif et emphatique, c’est ça qui est amusant ».

Les sujets et l’environnem­ent sont réalisés en même temps, reliés l’un à l’autre. « Un jour, en Guadeloupe, une danseuse a empoigné mon carnet. Voyant mes dessins d’elle, elle m’a affirmé : “Toi, tu sais danser” et elle m’a propulsée sur scène. Elle m’a livré sa recette : “C’est toi qui donnes le tempo en regardant les musiciens dans les yeux”. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs ! » Autres moments qui figurent dans son Panthéon personnel : le concert à Porqueroll­es de l’accordéoni­ste Vincent Peirani et du guitariste brésilien Yamandu Costa, en juillet 2018. « C’était magique, ils étaient en symbiose alors que c’était leur premier concert commun ». Et puis évidemment la voix de bluesman d’Archie Shepp, parrain du festival ; le concert « Changer le monde » mené par Franck Cassenti.

Souscripti­on en ligne

Lili le Gouvello a pioché dans ses dessins pour la sortie d’un beau livre. Un éditeur est trouvé en la personne de Jean-Michel Place qui a déjà édité 1939-1945 vu de Porqueroll­es, des textes d’Aimé Cézaire ou des revues surréalist­es. « L’objectif est de sortir ce livre pour le 20e festival Jazz à Porqueroll­es qui, on l’espère, se tiendra début juillet », dit la dessinatri­ce. Une opération de souscripti­on est en cours (1). Il reste la moitié de la somme à réunir pour que le livre existe.

1. Pour participer au financemen­t collaborat­if, taper « Ka Dans’ » sur www.kisskissba­nkbank.com

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 ?? (Photos Luc Boutria) ?? Dans son carnet à spirales, Lili le Gouvello dessine chaque année les artistes du festival Jazz à Porqueroll­es.
(Photos Luc Boutria) Dans son carnet à spirales, Lili le Gouvello dessine chaque année les artistes du festival Jazz à Porqueroll­es.
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Une scène de baiser entre deux festivalie­rs, immortalis­ée à Porqueroll­es.
Jacques Schwarz-Bart, saxophonis­te, croqué ici lors d’un concert au Mémorial Act de Pointe-à-Pitre. Une scène de baiser entre deux festivalie­rs, immortalis­ée à Porqueroll­es.
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Pin maritime de l’île de Porqueroll­es réalisé au stylo pinceau imbibé d’encre de Chine.
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